tag:blogger.com,1999:blog-56515739481240337702024-02-20T12:23:08.521+00:00Poésie en vracDes vers sur le comptoir, des rimes à la carte, des poèmes au kilo et au kilomètre...Didier Lebouchttp://www.blogger.com/profile/13190437732042178518noreply@blogger.comBlogger518125tag:blogger.com,1999:blog-5651573948124033770.post-78000603681787829272021-05-02T11:43:00.001+01:002021-05-02T11:43:18.887+01:00Ballade des contre-vérités (François Villon)<p>Il n'est soin que quand on a faim</p><p>Ne service que d'ennemi,</p><p>Ne mâcher qu'un botel de fain,</p><p>Ne fort guet que d'homme endormi,</p><p>Ne clémence que félonie,</p><p>N'assurance que de peureux,</p><p>Ne foi que d'homme qui renie,</p><p>Ne bien conseillé qu'amoureux.</p><p><br /></p><p>Il n'est engendrement qu'en boin</p><p>Ne bon bruit que d'homme banni,</p><p>Ne ris qu'après un coup de poing,</p><p>Ne lotz que dettes mettre en ni,</p><p>Ne vraie amour qu'en flatterie,</p><p>N'encontre que de malheureux,</p><p>Ne vrai rapport que menterie,</p><p>Ne bien conseillé qu'amoureux.</p><p><br /></p><p>Ne tel repos que vivre en soin,</p><p>N'honneur porter que dire : " Fi ! ",</p><p>Ne soi vanter que de faux coin,</p><p>Ne santé que d'homme bouffi,</p><p>Ne haut vouloir que couardie,</p><p>Ne conseil que de furieux,</p><p>Ne douceur qu'en femme étourdie,</p><p>Ne bien conseillé qu'amoureux.</p><p><br /></p><p>Voulez-vous que verté vous dire ?</p><p>Il n'est jouer qu'en maladie,</p><p>Lettre vraie qu'en tragédie,</p><p>Lâche homme que chevalereux,</p><p>Orrible son que mélodie,</p><p>Ne bien conseillé qu'amoureux. </p><div class="blogger-post-footer">***************
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<i>Avoir <a href="https://innotelos.fr/formation-managez-projet-innovation-Grenoble">le projet</a> de publier en septembre un poème sur le mois de juin... Pourquoi pas en <a href="https://innotelos.fr/formation-managez-projet-innovation-Grenoble">novembre</a>... Comprend qui peut...</i><br />
<br />
Dans cette vie ou nous ne sommes<br />
Que pour un temps si tôt fini,<br />
L'instinct des oiseaux et des hommes<br />
Sera toujours de faire un nid ;<br />
<br />
Et d'un peu de paille ou d'argile<br />
Tous veulent se construire, un jour,<br />
Un humble toit, chaud et fragile,<br />
Pour la famille et pour l'amour.<br />
<br />
Par les yeux d'une fille d'Ève<br />
Mon coeur profondément touché<br />
Avait fait aussi ce doux rêve<br />
D'un bonheur étroit et caché.<br />
<br />
Rempli de joie et de courage,<br />
A fonder mon nid je songeais ;<br />
Mais un furieux vent d'orage<br />
Vient d'emporter <a href="https://innotelos.fr/formation-managez-projet-innovation-Grenoble">tous mes projets</a> ;<br />
<br />
Et sur mon chemin solitaire<br />
Je vois, triste et le front courbé,<br />
Tous mes espoirs brisés à terre<br />
Comme les oeufs d'un nid tombé.</div>
<div class="blogger-post-footer">***************
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***************</div>Didier Lebouchttp://www.blogger.com/profile/13190437732042178518noreply@blogger.comGrenoble, France45.188529 5.72452399999997445.098995 5.563162499999974 45.278063 5.8858854999999739tag:blogger.com,1999:blog-5651573948124033770.post-42137136688510595092019-07-08T07:44:00.002+01:002019-07-08T07:44:34.135+01:00A la louange de la forêt (Eustorg de Beaulieu)<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<i>Du vieux français du XVIème siècle... qui n'était pourtant pas une langue de bois...</i><br />
<br />
En la Forest a mainte chose.<br />
En la Forest on se repose.<br />
En la Forest faict beau chasser,<br />
Beau Chanter, beau le temps passer,<br />
Beau composer en Ryme et prose.<br />
<br />
Toutz motz joyeux on y propose.<br />
On y Rid, on Raille, on Marmose,<br />
Et s'il pleut on vient s'adresser<br />
En la Forest.<br />
<br />
Maint connyn y est en sa crose,<br />
Et maint Ruysseau qui l'herbe arrose,<br />
Sur laquelle on se vient coucher<br />
Au temps nouveau sans se fascher,<br />
<a href="https://agilegrenoble2018.sched.com/speaker/didier_lebouc.1yikcd5l">Où mainte pensée est desclose </a><br />
<a href="https://agilegrenoble2018.sched.com/speaker/didier_lebouc.1yikcd5l">En la Forest</a>.<br />
<br /></div>
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<i>Allez hop ! Un petit Du Bellay pour la route ! (<a href="https://innotelos.fr/content/rencontre-marche-batiment-4-juillet-grenoble">route qu'il a bien fallu construire !</a>)</i><br />
<br />
Sacrés coteaux et vous saintes ruines,<br />
Qui le seul nom de Rome retenez,<br />
Vieux <a href="https://innotelos.fr/content/rencontre-marche-batiment-4-juillet-grenoble">monuments</a>, qui encore soutenez<br />
L'honneur poudreux de tant d'âmes divines :<br />
<br />
Arcs triomphaux, pointes du ciel voisines,<br />
Qui de vous voir le ciel même étonnez,<br />
Las, peu à peu cendre vous devenez,<br />
Fable du peuple et publiques rapines !<br />
<br />
Et bien qu'au temps pour un temps fassent guerre<br />
<a href="https://innotelos.fr/content/rencontre-marche-batiment-4-juillet-grenoble">Les bâtiments</a>, si est-ce que le temps<br />
Oeuvres et noms finalement atterre.<br />
<br />
Tristes désirs, vivez donc contents :<br />
Car si le temps finit chose si dure,<br />
Il finira la peine que j'endure.<br />
<br />
<i>L'éditeur tient à faire remarquer que l'auteur de ce poème ne s'est pas foulé car il a employé le mot "ciel" 2 fois dans 2 vers successifs. Tout se perd !</i></div>
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***************</div>Didier Lebouchttp://www.blogger.com/profile/13190437732042178518noreply@blogger.comGrenoble, France45.188529 5.72452399999997445.098995 5.563162499999974 45.278063 5.8858854999999739tag:blogger.com,1999:blog-5651573948124033770.post-11523644368431198412019-02-11T15:59:00.002+00:002019-02-11T15:59:56.788+00:00Les Amours de Psyché - Éloge de la Volupté (Jean de la Fontaine)<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<i>Le regretté Jean de la Fontaine n'a pas écrit que des fables. Pour lui, apparemment, l'écriture était <a href="https://innotelos.fr/content/28-mars-experimentez-agilite-par-jeu#">un jeu</a>...</i><br />
<br />
Ô douce Volupté, sans qui, dès notre enfance,<br />
Le vivre et le mourir nous deviendraient égaux ;<br />
Aimant universel de tous les animaux,<br />
Que tu sais attirer avecque violence !<br />
Par toi tout se meut ici-bas.<br />
C'est pour toi, c'est pour tes appâts,<br />
Que nous courons après la peine :<br />
Il n'est soldat, ni capitaine,<br />
Ni ministre d'État, ni prince, ni sujet,<br />
Qui ne t'ait pour unique objet.<br />
Nous autres nourrissons, si pour fruit de nos veilles<br />
Un bruit délicieux ne charmait nos oreilles,<br />
Si nous ne nous sentions chatouillés de ce son,<br />
Ferions-nous un mot de chanson ?<br />
Ce qu'on appelle gloire en termes magnifiques,<br />
Ce qui servait de prix dans <a href="https://www.gresibusiness.fr/tempsforts/academie/agilit%C3%A9-innotelos/">les jeux</a> olympiques,<br />
N'est que toi proprement, divine Volupté.<br />
Et le plaisir des sens n'est-il de rien compté ?<br />
Pour quoi sont faits les dons de Flore,<br />
Le Soleil couchant et l'Aurore,<br />
Pomone et ses mets délicats,<br />
Bacchus, l'âme des bons repas,<br />
Les forêts, les eaux, les prairies,<br />
Mères des douces rêveries ?<br />
Pour quoi tant de beaux arts, qui tous sont tes enfants ?<br />
Mais pour quoi les Chloris aux appâts triomphants,<br />
Que pour maintenir ton commerce ?<br />
J'entends innocemment : sur son propre désir<br />
Quelque rigueur que l'on exerce,<br />
Encore y prend-on du plaisir.<br />
Volupté, Volupté, qui fus jadis maîtresse<br />
Du plus bel esprit de la Grèce,<br />
Ne me dédaigne pas, viens-t'en loger chez moi ;<br />
Tu n'y seras pas sans emploi.<br />
J'aime <a href="https://innotelos.fr/vitagame">le jeu</a>, l'amour, les livres, la musique,<br />
La ville et la campagne, enfin tout ; il n'est rien<br />
Qui ne me soit souverain bien,<br />
Jusqu'au sombre plaisir d'un coeur mélancolique.<br />
Viens donc ; et de ce bien, ô douce Volupté,<br />
Veux-tu savoir au vrai la mesure certaine ?<br />
Il m'en faut tout au moins un siècle bien compté ;<br />
Car trente ans, ce n'est pas la peine.</div>
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***************</div>Didier Lebouchttp://www.blogger.com/profile/13190437732042178518noreply@blogger.comGrenoble, France45.188529 5.72452399999997445.098995 5.563162499999974 45.278063 5.8858854999999739tag:blogger.com,1999:blog-5651573948124033770.post-51351782863567520482019-01-24T16:11:00.000+00:002019-01-24T16:11:32.868+00:00Pétition d'un voleur à un roi voisin (Pierre François Lacenaire)<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<i><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;">Ces vers qu'on croirait presque écrits en 2019 par un gilet jaune sont issus de la plume d'un "poète-assassin" du 19ème siècle, Lacenaire célèbre escroc et criminel français qui finit guillotiné en 1836 sous le règne de Louis-Philippe, monarque surnommé "la Poire".</span></i><br />
<br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Sire, de grâce, écoutez-moi : </span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Sire, je reviens des galères... </span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Je suis voleur, vous êtes roi, </span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Agissons ensemble en bons frères. </span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Les gens de bien me font horreur, </span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">J'ai le coeur dur et l'âme vile,</span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Je suis sans pitié, sans honneur : </span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Ah ! faites-moi sergent de ville. </span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Bon ! je me vois déjà sergent :</span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Mais, sire, c'est bien peu, je pense.</span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">L'appétit me vient en mangeant : </span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Allons, sire, un peu d'indulgence.</span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Je suis hargneux comme un roquet, </span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">D'un vieux singe j'ai la malice ; </span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">En France, je vaudrais Gisquet :</span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Faites-moi préfet de police.</span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Grands dieux ! que je suis bon préfet !</span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Toute prison est trop petite. </span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Ce métier pourtant n'est pas fait,</span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Je le sens bien, pour mon mérite. </span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Je sais dévorer un <a href="https://innotelos.fr/budget-agile">budget</a>, </span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Je sais embrouiller un registre ; </span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Je signerai : " Votre sujet ", </span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Ah ! sire, faites-moi ministre.</span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Sire, que Votre Majesté </span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Ne se mette pas en colère ! </span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Je compte sur votre bonté ; </span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Car ma demande est téméraire.</span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Je suis hypocrite et vilain, </span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Ma douceur n'est qu'une grimace ;</span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">J'ai fait... se pendre mon cousin : </span><br />
<span style="font-family: Georgia, Times New Roman, serif;">Sire, cédez-moi votre place.</span></div>
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Poésie en vrac
***************</div>Didier Lebouchttp://www.blogger.com/profile/13190437732042178518noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5651573948124033770.post-13930075089139251292018-11-10T10:42:00.000+00:002018-11-10T10:42:17.152+00:00Fille du vieux pasteur, qui d'une main agile (André Chénier)<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<i>Vous ne couperez pas à ce poème agricole d'André Chénier, pas plus que vous ne couperez la main <a href="https://innotelos.fr/agile-grenoble-2018">agile</a> de la fille du vieux pasteur !</i><br />
<br />
Fille du vieux pasteur, qui d'une main <a href="https://humeursmondialisees.blogspot.com/2018/11/didier-lebouc-en-perruque-agile.html">agile</a><br />
Le soir emplis de lait trente vases d'argile,<br />
Crains la génisse pourpre, au farouche regard,<br />
Qui marche toujours seule, et qui paît à l'écart.<br />
Libre, elle lutte et fuit intraitable et rebelle.<br />
Tu ne presseras point sa féconde mamelle,<br />
A moins qu'avec adresse un de ses pieds lié<br />
Sous un cuir souple et lent ne demeure plié.</div>
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Poésie en vrac
***************</div>Didier Lebouchttp://www.blogger.com/profile/13190437732042178518noreply@blogger.comGrenoble, France45.188529 5.72452399999997445.098995 5.563162499999974 45.278063 5.8858854999999739tag:blogger.com,1999:blog-5651573948124033770.post-59914579555681008192018-10-21T13:46:00.000+01:002018-10-21T13:46:11.443+01:00Je vis l'oiseau qui le soleil contemple (Joachim du Bellay)<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<i>Un petit du Bellay pour la route...</i><br />
<br />
Je vis l'oiseau qui le soleil contemple<br />
D'un faible vol au ciel s'aventurer,<br />
Et peu à peu ses ailes assurer,<br />
Suivant encor le maternel exemple.<br />
<br />
Je le vis croître, et d'un voler plus ample<br />
Des plus hauts monts la hauteur mesurer,<br />
Percer la nue, et ses ailes tirer<br />
Jusqu'au lieu où des dieux est le temple.<br />
<br />
Là se perdit : puis soudain je l'ai vu<br />
Rouant par l'air en tourbillon de feu,<br />
Tout enflammé sur la plaine descendre.<br />
<br />
Je vis son corps en poudre tout réduit,<br />
Et vis l'oiseau, qui la lumière fuit,<br />
Comme un vermet renaître de sa cendre.</div>
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***************</div>Didier Lebouchttp://www.blogger.com/profile/13190437732042178518noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5651573948124033770.post-47748962082905793152018-09-03T19:23:00.000+01:002018-09-03T19:23:01.594+01:00Ode à Alcippe (François Maynard)<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<i>Ce François Maynard devait avoir un sacré béguin pour cet Alcippe...</i><br />
<br />
Alcippe, reviens dans nos bois.<br />
Tu n'as que trop suivi les rois,<br />
Et l'infidèle espoir dont tu fais ton idole.<br />
Quelque bonheur qui seconde tes voeux,<br />
Ils n'arrêteront pas le temps qui toujours vole<br />
Et qui d'un triste blanc va peindre tes cheveux.<br />
<br />
La Cour méprise ton encens.<br />
Ton rival monte, et tu descends,<br />
Et dans le cabinet le favori te joue.<br />
Que t'a servi de fléchir le genou<br />
Devant un Dieu fragile et fait d'un peu de boue,<br />
Qui souffre et qui vieillit pour mourir comme nous ?<br />
<br />
Romps tes fers, bien qu'ils soient dorés.<br />
Fuis les injustes adorés,<br />
Et descends dans toi-même à l'exemple du sage.<br />
Tu vois de près ta dernière saison<br />
Tout le monde connaît ton nom et ton visage<br />
Et tu n'es pas connu de ta propre raison.<br />
<br />
Ne forme que des saints désirs,<br />
Et te sépare des plaisirs<br />
Dont la molle douceur te fait aimer la vie.<br />
Il faut quitter le séjour des mortels,<br />
Il faut quitter Philis, Amarante et Sylvie,<br />
 qui ta folle amour élève des autels.<br />
<br />
Il faut quitter l'ameublement<br />
Qui nous cache pompeusement,<br />
Sous de la toile d'or, le plâtre de ta chambre.<br />
Il faut quitter ces jardins toujours verts,<br />
Que l'haleine des fleurs parfume de son ambre,<br />
Et qui font des printemps au milieu des hivers.<br />
<br />
C'est en vain que loin des hasards<br />
Où courent les enfants de Mars,<br />
Nous laissons reposer nos mains et nos courages ;<br />
Et c'est en vain que la fureur des eaux<br />
Et l'insolent Borée, artisan des naufrages,<br />
Font à l'abri du port retirer nos vaisseaux.<br />
<br />
Nous avons beau nous ménager<br />
Et beau prévenir le danger,<br />
La mort n'est pas un mal que le prudent évite ;<br />
Il n'est raison, adresse, ni <a href="https://coopindus.fr/user/innotelos/">conseil</a><br />
Qui nous puisse exempter d'aller où le Cocyte [<i>leucocyte ?</i>]<br />
Arrose des pays inconnus au soleil.<br />
<br />
Le cours de nos ans est borné,<br />
Et quand notre heure aura sonné,<br />
Clotho ne voudra plus grossir notre fusée.<br />
C'est une loi, non pas un châtiment,<br />
Que la nécessité qui nous est imposée<br />
De servir de pâture aux vers du monument.<br />
<br />
Résouds-toi d'aller chez les morts ;<br />
Ni la race ni les trésors<br />
Ne sauraient t'empêcher d'en augmenter le nombre,<br />
Le potentat le plus grand de nos jours<br />
Ne sera rien qu'un nom, ne sera rien qu'une ombre,<br />
Avant qu'un demi-siècle ait achevé son cours.<br />
<br />
On n'est guère loin du matin<br />
Qui doit terminer le destin<br />
Des superbes tyrans du Danube et du Tage.<br />
Ils font les Dieux dans le monde chrétien :<br />
Mais ils n'auront sur toi que le triste avantage<br />
D'infecter un tombeau plus riche que le tien.<br />
<br />
Et comment pourrions-nous durer ?<br />
Le Temps, qui doit tout dévorer,<br />
Sur le fer et la pierre exerce son empire ;<br />
Il abattra ces fermes bâtiments<br />
Qui n'offrent à nos yeux que marbre et que porphyre,<br />
Et qui jusqu'aux Enfers portent leurs fondements.<br />
<br />
On cherche en vain les belles tours<br />
Où Pâris cacha ses amours,<br />
Et d'où ce fainéant vit tant de funérailles.<br />
Rome n'a rien de son antique orgueil,<br />
Et le vide enfermé de ses vieilles murailles<br />
N'est qu'un affreux objet et qu'un vaste cercueil.<br />
<br />
Mais tu dois avecque mépris<br />
Regarder ces petits débris :<br />
Le Temps amènera la fin de toutes choses ;<br />
Et ce beau ciel, ce lambris azuré,<br />
Ce théâtre où l'Aurore épanche tant de roses,<br />
Sera brûlé des feux dont il est éclairé.<br />
<br />
Le grand astre qui l'embellit<br />
Fera sa tombe de son lit<br />
L'air ne formera plus ni grêles, ni tonnerres :<br />
Et l'univers, qui dans son large tour<br />
Voit courir tant de mers et fleurir tant de terres,<br />
Sans savoir où tomber, tombera quelque jour.</div>
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***************</div>Didier Lebouchttp://www.blogger.com/profile/13190437732042178518noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5651573948124033770.post-63480257068495239762018-08-20T17:34:00.000+01:002018-08-20T17:35:26.750+01:00Poésie verticale (Roberto Juarroz)<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<i>Ce poète <a href="https://innotelos.fr/etiquettes/innovation">vertical</a> et argentin aurait peut-être été plus inspiré de rester couché...<br />Personnellement, je préfère Georges Brassens et sa belle horizontale déçue.</i><br />
<br />
Commencer alors sa conversion<br />
jusqu'à le mettre fermement debout<br />
comme un arbre ou un amour en éveil<br />
et changer l'horizon <a href="https://innotelos.fr/etiquettes/innovation">en verticale</a><br />
en une fine tour<br />
qui nous sauve au moins le regard,<br />
vers le haut, ou vers le bas.</div>
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<i>Un poème long, trop long, bien trop long...</i><br />
<br />
Le vieux Daçaratha, sur son siège d'érable,<br />
Depuis trois jours entiers, depuis trois longues nuits,<br />
Immobile, l'oeil cave et lourd d'amers ennuis,<br />
Courbe sa tête vénérable.<br />
<br />
Son dos maigre est couvert de ses grands cheveux blancs,<br />
Et sa robe est souillée. Il l'arrache et la froisse.<br />
Puis il gémit tout bas, pressant avec angoisse<br />
Son coeur de ses deux bras tremblants.<br />
<br />
A l'ombre des piliers aux lignes colossales,<br />
Où le lotus sacré s'épanouit en fleurs,<br />
Ses femmes, ses guerriers respectent ses douleurs,<br />
Muets, assis autour des salles.<br />
<br />
Le vieux Roi dit : Je meurs de chagrin consumé.<br />
Qu'on appelle Rama, mon fils plein de courage !<br />
Tous se taisent. Les pleurs inondent son visage.<br />
Il dit : O mon fils bien aimé !<br />
<br />
Lève-toi, Lakçmana ! Attelle deux cavales<br />
Au char de guerre, et prends ton arc et ton carquois.<br />
Va ! <a href="https://innotelos.fr/parcours-innovation">Parcours</a> les cités, les montagnes, les bois,<br />
Au bruit éclatant des cymbales.<br />
<br />
Dis à Rama qu'il vienne. Il est mon fils aîné,<br />
Le plus beau, le plus brave, et l'appui de ma race.<br />
Et mieux vaudrait pour toi, si tu manques sa trace,<br />
Malheureux ! n'être jamais né.<br />
<br />
Le jeune homme aux yeux noirs, se levant plein de crainte,<br />
Franchit en bondissant les larges escaliers ;<br />
Il monte sur son char avec deux cymbaliers,<br />
Et fuit hors de la Cité sainte.<br />
<br />
Tandis que l'attelage aux jarrets vigoureux<br />
Hennit et court, il songe en son âme profonde :<br />
Que ferai-je ? Où trouver, sur la face du monde,<br />
Rama, mon frère généreux ?<br />
<br />
Certes, la terre est grande, et voici bien des heures<br />
Que l'exil l'a chassé du palais paternel,<br />
Et que sa douce voix, par un arrêt cruel,<br />
N'a retenti dans nos demeures.<br />
<br />
Tel Lakçmana médite. Et pourtant, jour et nuit,<br />
Il traverse cités, vallons, montagne et plaine.<br />
Chaque cavale souffle une brûlante haleine,<br />
Et leur poil noir écume et luit.<br />
<br />
Avez-vous vu Rama, laboureurs aux mains rudes ?<br />
Et vous, filles du fleuve aux îlots de limons ?<br />
Et vous, fiers cavaliers qui descendez des monts,<br />
Chasseurs des hautes solitudes ?<br />
<br />
Non ! nous étions courbés sur le sol nourricier.<br />
Non ! nous lavions nos corps dans l'eau qui rend plus belles.<br />
Non, Radjah ! nous percions les daims et les gazelles<br />
Et le léopard carnassier.<br />
<br />
Et Lakçmana soupire en poursuivant sa route.<br />
Il a franchi les champs où germe et croît le riz ;<br />
Il s'enfonce au hasard dans les sentiers fleuris<br />
Des bois à l'immobile voûte.<br />
<br />
Avez-vous vu Rama, Contemplateurs pieux,<br />
L'archer certain du but, brave entre les plus braves ?<br />
Non ! le rêve éternel a fermé nos yeux caves,<br />
Et nous n'avons vu que les Dieux !<br />
<br />
A travers les nopals aux tiges acérées,<br />
Et les buissons de ronce, et les rochers épars,<br />
Et le taillis épais inaccessible aux chars,<br />
Il va par les forêts sacrées.<br />
<br />
Mais voici qu'un cri rauque, horrible, furieux,<br />
Trouble la solitude où planait le silence.<br />
Le jeune homme frémit dans son coeur, et s'élance,<br />
Tendant l'oreille, ouvrant les yeux.<br />
<br />
Un Rakças de Lanka, noir comme un ours sauvage,<br />
Les cheveux hérissés, bondit dans le hallier.<br />
Il porte une massue et la fait tournoyer,<br />
Et sa bouche écume de rage.<br />
<br />
En face, roidissant son bras blanc et nerveux,<br />
Le grand Rama sourit et tend son arc qui ploie,<br />
Et sur son large dos, comme un nuage, ondoie<br />
L'épaisseur de ses longs cheveux.<br />
<br />
Un pied sur un tronc d'arbre échoué dans les herbes,<br />
L'autre en arrière, il courbe avec un mâle effort<br />
L'arme vibrante, où luit, messagère de mort,<br />
La flèche aux trois pointes acerbes.<br />
<br />
Soudain, du nerf tendu part en retentissant<br />
Le trait aigu. L'éclair a moins de promptitude.<br />
Et le Rakças rejette, en mordant le sol rude,<br />
Sa vie immonde avec son sang.<br />
Rama Daçarathide, honoré des Brahmanes,<br />
Toi dont le sang est pur et dont le corps est blanc,<br />
Dit Lakçmana, salut, dompteur étincelant<br />
De toutes les races profanes !<br />
<br />
Salut, mon frère aîné, toi qui n'as point d'égal !<br />
O purificateur des forêts ascétiques,<br />
Daçaratha, courbé sous les ans fatidiques,<br />
Gémit sur son siège royal.<br />
<br />
Les larmes dans les yeux, il ne dort ni ne mange ;<br />
La pâleur de la mort couvre son noble front.<br />
Il t'appelle : ses pleurs ont lavé ton affront,<br />
Mon frère, et sa douleur te venge.<br />
<br />
Rama lui dit : J'irai. Tous deux sortent des bois<br />
Où gît le noir Rakças dans les herbes humides,<br />
Et montent sur le char aux sept jantes solides,<br />
Qui crie et cède sous leur poids.<br />
<br />
La forêt disparaît. Ils franchissent vallées,<br />
Fleuves, plaines et monts ; et, tout poudreux, voilà<br />
Qu'ils s'arrêtent devant la grande Mytila<br />
Aux cent pagodes crénelées.<br />
<br />
D'éclatantes clameurs emplissent la cité,<br />
Et le Roi les accueille et dit : Je te salue,<br />
Chef des guerriers, effroi de la race velue<br />
Toute noire d'iniquité !<br />
<br />
Puisses-tu, seul de tous, tendre, à Daçarathide,<br />
L'arc immense d'or pur que Civa m'a donné !<br />
Ma fille est le trésor par les Dieux destiné<br />
A qui ploîra l'arme splendide.<br />
<br />
Je briserai cet arc comme un rameau flétri ;<br />
Les Dêvas m'ont promis la plus belle des femmes !<br />
Il saisit l'arme d'or d'où jaillissent des flammes,<br />
Et la tend d'un bras aguerri.<br />
<br />
Et l'arc ploie et se brise avec un bruit terrible.<br />
La foule se prosterne et tremble. Le Roi dit :<br />
Puisse un jour Ravana, sept fois vil et maudit,<br />
Tomber sous ta flèche invincible !<br />
<br />
Sois mon fils. - Et l'époux immortel de Sita,<br />
Grâce aux Dieux incarnés qui protègent les justes,<br />
Plein de gloire, revit ses demeures augustes<br />
Et le vieux roi Daçaratha.</div>
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<i>Ce brave Jules devait avoir des soucis d'approvisionnement en encre...</i><br />
<br />
Eucharistie<br />
De l'Arcadie,<br />
<br />
Qui fais de l'œil<br />
Aux cœurs en deuil,<br />
<br />
Ciel des idylles<br />
Qu'on veut stériles,<br />
<br />
Fonts baptismaux<br />
Des blancs pierrots,<br />
<br />
Dernier ciboire<br />
De notre Histoire,<br />
<br />
Vortex-nombril<br />
Du Tout-Nihil,<br />
<br />
Miroir et Bible<br />
Des Impassibles,<br />
<br />
Hôtel garni<br />
De l'infini,<br />
<br />
Sphinx et Joconde<br />
Des défunts mondes,<br />
<br />
Ô Chanaan<br />
Du bon Néant,<br />
<br />
Néant, La Mecque<br />
<a href="https://innotelos.fr/bibliotheque">Des bibliothèques</a></div>
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<i>Encore un poète ayant abusé du dictionnaire...</i><br />
<br />
Dans le parc au noble dessin<br />
Où s'égarent les Cidalises<br />
Parmi les fontaines surprises<br />
Dans le marbre du clair bassin,<br />
<br />
Iris, que suit un jeune essaim,<br />
Philis, Églé, nymphes éprises,<br />
Avec leurs plumes indécises,<br />
En manteau court, montrant leur sein,<br />
<br />
Lycaste, Myrtil et Sylvandre<br />
<a href="https://innotelos.fr/lpfr20">Vont, parmi la verdure tendre,</a><br />
Vers les grands feuillages dormants.<br />
<br />
Ils errent dans le matin blême,<br />
Tous vêtus de satin, charmants<br />
Et tristes comme l'Amour même.</div>
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<i>Les poètes de la Renaissance étaient-ils plus directs qu'aujourd'hui ou bien notre belle langue française a-t-elle évolué ? Je lance le débat...</i><br />
<br />
Ah ! ne me baisez plus, ah ! mon coeur, je me meurs,<br />
Doucement je languis, doucement je me pâme,<br />
Dessus ta lèvre molle erre et flotte mon âme<br />
Saoule de la douceur des plus douces humeurs.<br />
<br />
Je la vois qui volète entre les vives fleurs<br />
Et ne craint tes beaux yeux clairs et ardents de flamme ;<br />
Sur ton bord soupirant la cannelle et le bame,<br />
Altérée elle boit au fleuve des odeurs,<br />
<br />
Au paradis d'amour elle est ores ravie,<br />
Je ne sais si je suis ou mort ou bien en vie,<br />
Car ce baiser me donne et la vie et la mort.<br />
<br />
Cà que je baise encor ces fleurettes écloses,<br />
Ah ne me baisez plus, hé rebaisez encor,<br />
Trop heureux si je meurs sur ces lèvres de roses.</div>
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<i>Poète et poème canadiens sans intérêt : amour toujours & tutti quanti...</i><br />
<br />
Baigne mes pieds du cristal de tes ondes,<br />
O ma fontaine ! et sur ton frais miroir,<br />
Laisse tomber mes longues tresses blondes<br />
Flottant au gré de la brise du soir !<br />
<br />
Nymphe des bois, sur ton bassin penchée,<br />
J'aime à rêver à l'ombre des roseaux,<br />
Quand une feuille à sa tige arrachée,<br />
Ride en tombant la nappe de tes eaux.<br />
<br />
J'aime à plonger ma taille gracieuse<br />
Dans tes flots noirs chantant sous les glaïeuls,<br />
Quand de la nuit l'ombre silencieuse<br />
Etend son aile au-dessus des tilleuls.<br />
<br />
Oh ! j'aime à voir tes vagues miroitantes<br />
Multiplier les flambeaux de la nuit !<br />
Oh ! j'aime à voir, sous tes algues flottantes,<br />
Le voile bleu d'une ondine qui fuit !<br />
<br />
Tombe toujours en cascade légère !<br />
Roule toujours en bouillons écumeux !<br />
Baise en passant les touffes de fougère<br />
Et porte au loin tes flots harmonieux.<br />
<br />
Pour t'écouter, la nuit calme et sereine<br />
Semble endormir les derniers bruits du jour...<br />
Coule toujours, enivrante fontaine !<br />
Coule toujours, fontaine, mon amour !</div>
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<i>Ce poète n'était surement pas payé à la ligne, on frise le haiku !</i><br />
<br />
Chemins qui ne mènent nulle part<br />
entre deux prés,<br />
que l'on dirait avec art<br />
de leur but détournés,<br />
<br />
chemins qui souvent n'ont<br />
devant eux rien d'autre en face<br />
que le pur espace<br />
et la saison.</div>
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<i>Encore un qui a essayé de plagier La Fontaine...<br />Il aurait mieux d'ouvrir une bouteille de pastis qu'une bouteille d'encre...</i><br />
<br />
Ô Cigale, née avec les beaux jours,<br />
Sur les verts rameaux dès l'aube posée,<br />
Contente de boire un peu de rosée,<br />
Et telle qu'un roi, tu chantes toujours !<br />
Innocente à tous, paisible et sans ruses,<br />
Le gai laboureur, du chêne abrité,<br />
T'écoute de loin annoncer l'été ;<br />
Apollôn t'honore autant que les Muses,<br />
Et Zeus t'a donné l'Immortalité !<br />
Salut, sage enfant de la Terre antique,<br />
Dont le chant invite à clore les yeux,<br />
Et qui, sous l'ardeur du soleil Attique,<br />
N'ayant chair ni sang, vis semblable aux Dieux !</div>
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<i>Encore un poète neurasthénique !</i><br />
<br />
Seigneur ! je suis sans pain, sans rêve et sans demeure.<br />
Les hommes m'ont chassé parce que je suis nu,<br />
Et ces frères en vous ne m'ont pas reconnu<br />
Parce que je suis pâle et parce que je pleure.<br />
<br />
Je les aime pourtant comme c'était écrit<br />
Et j'ai connu par eux que la vie est amère,<br />
Puisqu'il n'est pas de femme qui veuille être ma mère<br />
Et qu'il n'est pas de <a href="https://innotelos.fr/content/innotelos-ixiade-innovation-coeur">coeur</a> qui entende mes cris.<br />
<br />
Je sens, autour de moi, que les bruits sont calmés,<br />
Que les hommes sont las de leur fête éternelle.<br />
Il est bien vrai qu'ils sont sourds à ceux qui appellent<br />
Seigneur ! pardonnez-moi s'ils ne m'ont pas aimé !<br />
<br />
Seigneur ! j'étais sans rêve et voici que la lune<br />
Ascende le ciel clair comme une route haute.<br />
Je sens que son baiser m'est une pentecôte,<br />
Et j'ai mené ma peine aux confins de sa dune.<br />
<br />
Mais j'ai bien faim de pain, Seigneur ! et de baisers,<br />
Un grand besoin d'amour me tourmente et m'obsède,<br />
Et sur mon banc de pierre rude se succèdent<br />
Les fantômes de Celles qui l'auraient apaisé.<br />
<br />
Le vol de l'heure émigre en des infinis sombres,<br />
Le ciel plane, un pas se lève dans le silence,<br />
L'aube indique les fûts dans la forêt de l'ombre,<br />
Et c'est la Vie énorme encor qui recommence !</div>
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<i><a href="https://innotelos.fr/conseil">Conseil du soir, espoir</a> semble dire ce poète mystique surtout connu de sa famille et de son confesseur...</i><br />
<br />
Nulle pourpre aujourd'hui dans le gris vespéral ;<br />
Le jour meurt simplement comme une âme lassée,<br />
Et voici que du ciel uniforme et claustral<br />
Une paix de couvent tombe sur ma pensée.<br />
<br />
J'accepte <a href="https://innotelos.fr/conseil">le conseil</a> religieux du soir<br />
Qui m'édifie un pacifique monastère,<br />
Et mon rêve, oublieux et calme, ira s'asseoir<br />
Au jardin monacal plein de chaste mystère.<br />
<br />
Je quitterai le lourd manteau du vain orgueil :<br />
Trop d'autres ont usé l'or de son insolence.<br />
Et je dépouillerai la vanité du deuil :<br />
Tant d'ennuis ont crié que je veux le silence.<br />
<br />
Comme un captif hanté par l'espoir suborneur,<br />
Je ne monterai plus sur la Tour idéale<br />
Épier le galop mensonger du Bonheur<br />
Qui vient dans un brouillard de clarté liliale ;<br />
<br />
Mais mon Esprit, absous de ses désirs altiers,<br />
Sera pareil aux doux moines mélancoliques<br />
Errants dans les jardins graves des bons moûtiers<br />
Et vieillissant parmi les roses symboliques.</div>
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<i>Encore un poème bizarre et mystique (en toc) du 16ème siècle</i><br />
<br />
Prenez ores courage, ô craintifs, car voici<br />
Votre Dieu qui vient faire ici son domicile,<br />
Lequel vous sauvera de la puissance hostile,<br />
Et par lui se feront ces belles oeuvres-ci<br />
<br />
Les aveugles verront, les sourds oiront aussi,<br />
Le boiteux marchera d'un pied ferme et <a href="https://innotelos.fr/content/agilite-gestion-projet">agile</a>,<br />
La langue des muets sera prompte et facile,<br />
Et vous serez en paix hors de crainte et souci.<br />
<br />
Si qu'il faudra changer en coutre les épées,<br />
Pour bêches et hoyaux lances seront coupées,<br />
Ne se trouvant plus lors qui nous vienne assaillir<br />
<br />
Bref, nous serons certains d'être heureux à toute heure<br />
Quelle félicité, quel bien peut défaillir<br />
A l'homme, auprès duquel Dieu choisit sa demeure ?<br />
<div>
<br /></div>
</div>
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<i>Dans cette livraison, un haïku sponsorisé par un office de tourisme </i><br />
<br />
Filippa, Faïs, Esclarmonde,<br />
Les plus rares, que l'on put voir,<br />
Beautés du monde ;<br />
<br />
Mais toi si pâle encor d'avoir<br />
Couru la lune l'autre soir<br />
Aux quatre rues,<br />
<br />
Écoute : au bruit noir des chansons<br />
Satan flagelle tes soeurs nues ;<br />
Viens, et dansons.</div>
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<i>Encore un auteur surtout connu de sa famille qui a glosé sur le conflit de générations, la vertu, le vice, le travail et l'imbécilité...</i><br />
<br />
De grâce, apprenez-moi comment l'on fait fortune,<br />
Demandait à son père un jeune ambitieux.<br />
Il est, dit le vieillard, un chemin glorieux :<br />
C'est de se rendre utile à la cause commune,<br />
De prodiguer ses jours, ses veilles, ses talents,<br />
Au service de la patrie.<br />
Oh ! trop pénible est cette vie ;<br />
Je veux des moyens moins brillants.<br />
Il en est de plus sûrs, l'intrigue... Elle est trop vile ;<br />
Sans vice et sans travail je voudrais m'enrichir.<br />
Eh bien ! sois un simple imbécile,<br />
J'en ai vu beaucoup <a href="https://innotelos.fr/lpfr19">réussir</a>.</div>
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<i>Totor nous lance un appel à la grève...</i><br />
<br />
Il te ressemble ; il est terrible et pacifique.<br />
Il est sous l'infini le niveau magnifique ;<br />
Il a le mouvement, il a l'immensité.<br />
Apaisé d'un rayon et d'un souffle agité,<br />
Tantôt c'est l'harmonie et tantôt le cri rauque.<br />
Les monstres sont à l'aise en sa profondeur glauque ;<br />
La trombe y germe ; il a des gouffres inconnus<br />
D'où ceux qui l'ont bravé ne sont pas revenus ;<br />
Sur son énormité le colosse chavire ;<br />
Comme toi le despote il brise le navire ;<br />
Le fanal est sur lui comme l'esprit sur toi ;<br />
Il foudroie, il caresse, et Dieu seul sait pourquoi ;<br />
Sa vague, où l'on entend comme des chocs d'armures,<br />
Emplit la sombre nuit de monstrueux murmures,<br />
Et l'on sent que ce flot, comme toi, gouffre humain,<br />
Ayant rugi ce soir, dévorera demain.<br />
Son onde est une lame aussi bien que le glaive ;<br />
Il chante un hymne immense à Vénus qui se lève ;<br />
Sa rondeur formidable, azur universel,<br />
Accepte en son miroir tous les astres du ciel ;<br />
Il a la force rude et la grâce superbe ;<br />
Il déracine un roc, il épargne un brin d'herbe ;<br />
Il jette comme toi l'écume aux fiers sommets,<br />
Ô peuple ; seulement, lui, ne trompe jamais<br />
Quand, l'oeil fixe, et debout sur sa grève sacrée,<br />
Et pensif, on attend l'heure de sa marée.</div>
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Poésie en vrac
***************</div>Didier Lebouchttp://www.blogger.com/profile/13190437732042178518noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5651573948124033770.post-27623158295028182712018-03-12T06:07:00.000+00:002018-03-12T06:07:04.911+00:00Puisque je vois que mes afflictions (Pontus de Tyard)<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<i>Encore un poète surtout connu de sa famille...</i><br />
<br />
Puisque je vois que mes afflictions<br />
Sont au plus haut degré de leur effort,<br />
Et que le Ciel conjuré à ma mort<br />
A tout malheur me guide,<br />
Regrets, soupirs, plaints, pleurs, et passions,<br />
Je vous lâche la bride.<br />
<br />
Je n'ai espoir que mon cri entendu<br />
Puisse adoucir la fière cruauté<br />
De ma déesse, et dame de beauté,<br />
Mais ce mal me console,<br />
Que c'est bien peu, m'étant déjà perdu,<br />
De perdre ma parole.<br />
<br />
Je sens couler et les jours, et les nuits,<br />
Mais non l'effort de l'ardeur s'apaiser<br />
De mes soupirs, ou la mer s'épuiser<br />
Des larmes que je pleure,<br />
Car le penser, sujet de mes ennuis,<br />
Toujours en moi demeure.<br />
<br />
Le trait par vous, ô mes yeux, fut reçu,<br />
Qui me blessa au coeur si rudement,<br />
Quand, attiré d'un vain contentement,<br />
Lui fites ouverture.<br />
Las, si par vous, mal cauts, je fus déçu,<br />
Vous en payez l'usure.<br />
<br />
Espoir trompeur, inutile secours,<br />
Que je voulus à mes travaux choisir,<br />
Songe illusif, ombre de mon désir,<br />
Ta promesse faillie<br />
Ne m'a laissé du fruit de mes discours<br />
Que la mélancolie.<br />
<br />
Je ne tiens point pour comble de malheur,<br />
Car je me suis au deuil tant dédié,<br />
Que j'aie mon bien, et moi-même oublié,<br />
Que triste il me faut vivre,<br />
Mais je me plains, que l'amère douleur<br />
A la mort ne me <a href="https://innotelos.fr/lpfr18">livre</a>.<br />
<br />
Mourir ne puis, hélas, et ne vis point,<br />
Si fais, je vis, misérable, d'autant<br />
Que la douleur, qui me va combattant,<br />
Aux plaints, aux pleurs me mène,<br />
Et n'ai de vie au plaisir un seul point,<br />
Vivant tout à la peine.<br />
<br />
Quand je naquis, l'astre de mon destin<br />
Tout incliné à cruelle impitié,<br />
M'éloigna tant des aspects d'amitié,<br />
Que je me hais moi-même.<br />
Ah, je connais, mais trop tard, quelle fin<br />
Prend qui vainement aime.<br />
<br />
Laisse-moi seul en ce lieu tourmenter,<br />
Chanson, non, mais complainte,<br />
Car tu ne fais que le deuil augmenter,<br />
Dont mon âme est atteinte.</div>
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Poésie en vrac
***************</div>Didier Lebouchttp://www.blogger.com/profile/13190437732042178518noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-5651573948124033770.post-87227566838912356422018-03-06T06:03:00.001+00:002018-03-06T06:17:44.680+00:00L'inquiet désir (Anna de Noailles)<div dir="ltr" style="text-align: left;" trbidi="on">
<i>De l'amour et du jardinage... Quel programme !</i><br />
<br />
Voici l'été encor, la chaleur, la clarté,<br />
La renaissance simple et paisible des plantes,<br />
Les matins vifs, les tièdes nuits, les journées lentes,<br />
La joie et le tourment dans l'âme rapportés.<br />
<br />
Voici le temps de rêve et de douce folie<br />
Où le coeur, que l'odeur du jour vient enivrer,<br />
Se <a href="https://innotelos.fr/livre">livre</a> au tendre ennui de toujours espérer<br />
L'éclosion soudaine et bonne de la vie,<br />
<br />
Le coeur monte et s'ébat dans l'air mol et fleuri. <br />
Mon coeur, qu'attendez-vous de la chaude journée,<br />
Est-ce le clair réveil de l'enfance étonnée<br />
Qui regarde, s'élance, ouvre les mains et rit ?<br />
<br />
Est-ce l'essor naïf et bondissant des rêves<br />
Qui se blessaient aux chocs de leur emportement,<br />
Est-ce le goût du temps passé, du temps clément,<br />
Où l'âme sans effort sentait monter sa sève ?<br />
<br />
Ah ! mon coeur, vous n'aurez plus jamais d'autre bien<br />
Que d'espérer l'Amour et <a href="https://innotelos.fr/jeu">les jeux qui l'escortent</a>,<br />
Et vous savez pourtant le mal que vous apporte<br />
Ce dieu tout irrité des combats dont il vient...</div>
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Poésie en vrac
***************</div>Didier Lebouchttp://www.blogger.com/profile/13190437732042178518noreply@blogger.com