Connaissance de l'ivresse (Odilon Jean Périer)
Tout de même s'appeler Périer et écrire un poème sur l'ivresse, quel paradoxe !
Ô douleur chevelue adossée au comptoir
Du vieux cabaret où je fume
Belle dame dorée emprisonnant le soir
Dans cette lyre qui s'allume
Dans la flûte de Pan que forment rayonnantes
Les limonades, les liqueurs,
A l'aimable madère et aux honteuses menthes
Vos yeux empruntent des couleurs.
Madame ma douleur d'alcool auréolée
Lève de paresseuses mains
Reverrons-nous enfin ce corps dans la fumée ?
- Cependant qu'aux lueurs du vin
Une Muse déjà mortellement blessée
S'enivre et hurle comme un chien.