Clair de lune (Jules Laforgue)
"Monter, perdu, m'étancher à même ta vasque de béatifiants baptêmes !"
La carte du comptoir des vers propose ce soir un poème lunaire, alambiqué et vaguement mythologique de Jules Laforgue.
La carte du comptoir des poésies, sans plus de commentaire ou d'explication de texte, suggère aussi de nombreux "classiques" présentés en bas de ce poème.
Penser qu'on vivra jamais dans cet astre,
Parfois me flanque un coup dans l'épigastre.
Ah ! Tout pour toi, Lune, quand tu t'avances
Aux soirs d'août par les féeries du silence !
Et quand tu roules, démâtée, au large
A travers les brisants noirs des nuages !
Oh ! Monter, perdu, m'étancher à même
Ta vasque de béatifiants baptêmes !
Astre atteint de cécité, fatal phare
Des vols migrateurs des plaintifs Icares !
Oeil stérile comme le suicide,
Nous sommes le congrès des las, préside ;
Crâne glacé, raille les calvities
De nos incurables bureaucraties ;
Ô pilule des léthargies finales,
Infuse-toi dans nos durs encéphales !
Ô Diane à la chlamyde très dorique,
L'Amour cuve, prend ton carquois et pique
Ah ! D'un trait inoculant l'être aptère,
Les coeurs de bonne volonté sur terre !
Astre lavé par d'inouïs déluges,
Qu'un de tes chastes rayons fébrifuges,
Ce soir, pour inonder mes draps, dévie,
Que je m'y lave les mains de la vie !
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Les "classiques" de la carte du comptoir des vers :
- Victor Hugo : demain dès l'aube, l'an neuf de l'Hegire
- Arthur Rimbaud : le bateau ivre, le dormeur du val, voyelles, sensations, petites amoureuses, ma Bohème, aube, soleil et chair, les assis, Vénus Anadyomène, chant de guerre parisien, première soirée, Michel et Christine,Marine, les douaniers,l'homme juste, les mains de Jeanne-Marie, les étrennes des orphelins, chanson de la plus haute tour, au cabaret vert (cinq heures du soir), jeune ménage,tête de faune, à la musique, mouvement, age d'or, ô saisons ô chateaux, Bruxelles, l'orgie parisienne, les pauvres à l'église
- Guillaume Apollinaire : le Pont Mirabeau, l'adieu, nuit rhénane, acousmate, dans l'abri-caverne, Annie, Marizibill, ô naturel désir, à l'Italie, le chef de section, chant de l'horizon en Champagne,nocturne, le vigneron champenois, l'émigrant de Landor Road, la Victoire, à la Santé
- Charles Baudelaire : l'albatros, les bijoux, le soleil, quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle, "j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans", je n'ai pas pour maîtresse une lionne illustre (prélude à Sarah), une martyre, correspondances, à une dame créole, toute entière, j'aime le souvenir de ces époques nues, une mendiante rousse, confession, à celle qui est trop gaie,les ténèbres, le chat
- Joachim du Bellay : heureux qui comme Ulysse, cent fois plus qu'à louer on se plaît à médire, au fleuve de Loire, à Madame Marguerite d'écrire en sa langue
- Edmond Rostand : tirade des nez de Cyrano de Bergerac, sept moyens de monter dans la Lune (Cyrano de Bergerac), petit chat, l'hymne au soleil, rois mages, nénuphars
- José Maria de Heredia : les conquérants ("comme un vol de gerfauts hors du charnier natal"), l'esclave, le tepidarium, la belle viole, le vitrail, le voeu, soir de bataille, fleurs de feu, Tranquillus, le bain
- Louis Aragon : l'étrangère, que serais-je sans toi ?, est-ce ainsi que les hommes vivent ?, Santa Espina, la rose et le réséda, un jour un jour, nous dormirons ensemble, l'affiche rouge, la belle italienne, Charlot mystique, chambre garnie, chambres d'un moment, Elsa, Elsa au miroir, les mains d'Elsa, j'arrive où je suis étranger, les yeux d'Elsa
- Sabine Sicaud : douleur je vous déteste, jour de fièvre, la solitude, vous parler ?, chemins de l'ouest, la vieille femme de la Lune, premières feuilles, la grotte des lépreux, la paix
- Et, aussi, le totalissime poème acadien de H.W. Longfellow Evangéline