mercredi 6 juin 2007

Les belles passantes (Antoine Pol)

Je veux dédier ce poème

A toutes les femmes qu'on aime

Pendant quelques instants secrets

A celles qu'on connaît à peine

Qu'un destin différent entraîne

Et qu'on ne retrouve jamais


A celle qu'on voit apparaître


Une seconde à sa fenêtre

Et qui, preste, s'évanouit

Mais dont la svelte silhouette

Est si gracieuse et fluette

Qu'on en demeure épanoui


A la compagne de voyage

Dont les yeux, charmant paysage

Font paraître court le chemin

Qu'on est seul, peut-être, à comprendre


Et qu'on laisse pourtant descendre

Sans avoir effleuré sa main


A celles qui sont déjà prises

Et qui, vivant des heures grises

Près d'un être trop différent

Vous ont, inutile folie,

Laissé voir la mélancolie

D'un avenir désespérant


Chères images aperçues


Espérances d'un jour déçues

Vous serez dans l'oubli demain

Pour peu que le bonheur survienne

Il est rare qu'on se souvienne

Des épisodes du chemin


Mais si l'on a manqué sa vie

On songe avec un peu d'envie

A tous ces bonheurs entrevus

Aux baisers qu'on n'osa pas prendre


Aux coeurs qui doivent vous attendre

Aux yeux qu'on n'a jamais revus


Alors, aux soirs de lassitude

Tout en peuplant sa solitude

Des fantômes du souvenir

On pleure les lèvres absentes

De toutes ces belles passantes

Que l'on n'a pas su retenir