mardi 17 février 2009

L'étrangère (Louis Aragon)

Le comptoir des vers et sa carte des poésies reprennent leur série Louis Aragon avec cette ode mise en chanson sur une musique composée par Leo Ferré et interpétée, entre autres, par Yves Montand, Marc Ogeret ou Sanseverino.
"J'aimais déjà les étrangères quand j'étais un petit enfant ..."

Si la persistance insistante de Loulou Aragon vous ennuie,
la carte du comptoir des poésies, sans aucun commentaire, vous propose aussi sa sélection classique :

- D'autres Louis Aragon : que serais-je sans toi ?, est-ce ainsi que les hommes vivent ?, Elsa, chambres d'un moment, chambre garnie, Santa Espina, la rose et le réséda, Elsa au miroir, Charlot mystique, les mains d'Elsa, nous dormirons ensemble, l'affiche rouge, un jour un jour, la belle italienne, j'arrive où je suis étranger, les yeux d'Elsa

-
Edmond Rostand : tirade des nez de Cyrano de Bergerac, petit chat, rois mages, sept moyens de monter dans la Lune (Cyrano de Bergerac), l'hymne au soleil, nénuphars

- Arthur Rimbaud : le bateau ivre, voyelles, le dormeur du val, voyelles, sensations, Vénus Anadyomène, les mains de Jeanne-Marie, les assis, l'homme juste, au cabaret vert (cinq heures du soir), Marine, soleil et chair, petites amoureuses, chanson de la plus haute tour, ma Bohème, l'orgie parisienne, Michel et Christine, tête de faune, à la musique, première soirée, aube, chant de guerre parisien, les douaniers, Bruxelles, mouvement, jeune ménage, age d'or, ô saisons ô chateaux, les étrennes des orphelins

- Guillaume Apollinaire : le Pont Mirabeau, nuit rhénane, Marizibill, le vigneron champenois, l'émigrant de Landor Road, dans l'abri-caverne, ô naturel désir, acousmate, Annie, l'adieu, la Victoire, à l'Italie, le chef de section, nocturne, chant de l'horizon en Champagne, à la Santé

- Charles Baudelaire : l'albatros, les bijoux, le soleil, je n'ai pas pour maîtresse une lionne illustre (prélude à Sarah), toute entière, confession, "j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans", quand le ciel bas et lours pèse comme un couvercle, les ténèbres, à celle qui est trop gaie, correspondances, une mendiante rousse, une martyre, à une dame créole, le chat

- José Maria de Heredia : les conquérants, le voeu, soir de bataille, le tepidarium, le vitrail, la belle viole, l'esclave, fleurs de feu, Tranquillus

- Joachim du Bellay : heureux qui comme Ulysse, au fleuve de Loire


Il existe près des écluses

Un bas quartier de bohémiens

Dont la belle jeunesse s'use

A démêler le tien du mien ...

En bande on s'y rend en voiture,

Ordinairement au mois d'août.

Ils disent la bonne aventure,

Pour des piments et du vin doux

On passe la nuit claire à boire ...

On danse en frappant dans ses mains ...

On n'a pas le temps de le croire,

Il fait grand jour et c'est demain.

On revient d'une seule traite.

Gais, sans un sou, vaguement gris,

Avec des fleurs plein les charrettes,

Son destin dans la paume écrit ...

J'ai pris la main d'une éphémère

Qui m'a suivi dans ma maison ...

Elle avait les yeux d'outremer,

Elle en avait la déraison.

Elle avait la marche légère

Et de longues jambes de faon ...

J'aimais déjà les étrangères

Quand j'étais un petit enfant ...

Celle-ci parla vite vite ....

De l'odeur des magniolas.

Sa robe tomba tout de suite,

Quand ma hâte la délia.

En ce temps-là, j'étais crédule.

Un mot m'était promission.

Et je prenais les campanules

Pour les fleurs de la passion.

A chaque fois, tout recommence,

Toute musique me séduit ...

Et la plus banale romance

M'est l'éternelle poésie.

Nous avions joué de notre âme

Un long jour, une courte nuit

Puis au matin : "Bonsoir, Madame ..."

L'amour s'achève avec la pluie ...