A la fontaine (Louis des Masures)
Poème obscur du 16ème siècle où l'auteur à défaut de jouer de l'hélicon s'essaie à jouer les Virgile parlant d'Enée
Fontaine, dont l'eau cristalline,
D'amont le rocher tombe aval,
Murmurant parmi la colline,
Puis tombe paisible en son val,
Où d'une trace continue
Torse en serpent, se traîne et pousse,
Et, à travers l'herbe menue,
Passe, arrosant l'épaisse mousse,
Mille et mille oiseaux qui te hantent,
Le flateux bruit, le frais des eaux,
Et les nymphes qui autour chantent
Répondant au chant des oiseaux,
L'air doux, la lumière éthérée,
Ce creux antre qui se recule,
Où ne touche l'heure altérée
De la brûlante canicule;
Les arbres touffus, la froide ombre,
Les fleurs et le verdoyant pré
Bref, tout ce pourpris, en grand nombre
De belles couleurs diapré,
Font que le dur ennui j'oublie
Et que la lyre à gré je touche
Attendant la tâche accomplie
Du soleil qui trop tôt se couche.
Près de toi, Fontaine sacrée,
L'envie et tort nous défions
Grondant que ton bruit nous récrée,
Unique plaisir d'Amphion
Qui a délaissé la Dircée,
L'aracynthe, les thébaines roches,
Pour ton eau sans cesse versée,
Pour ce roc et tes antres proches.
A ta vive et fuyante course
Ne vient le profane approcher,
Tu m'es d'Aganippe la source
Et mon Hélicon, ce rocher.
A ton bruit ma lyre j'accorde
Chantant l'heur de ma destinée
Les amours je sonne à la corde,
Au creux airain, le grand Enée.
Le chant qu'ainsi oisif sur l'herbe
J'entonne, étendu à l'envers,
Te rendra fameuse et superbe,
Gardant la gloire de mes vers ;
A toi, sous cette roche ombreuse,
Callirhoé, Nymphe gentille,
Je veux goûter à la main creuse
L'honneur de ton eau qui sautille.
Elle est fraîche, nette, épurée,
Et brille au soleil clair et beau ;
Mais puisque les vers n'ont durée
Qui sont écrits de buveurs d'eau,
Sus, Bacchus, noble capitaine,
Que du vin soit pleine ma tasse
Qui rafraîchit, en la fontaine,
Une heure avant que je chantasse.
En chantant fais que je m'endorme
Au bruit cette douce liqueur ;
Si je sommeille sous cet orme
Garde moi, Nymphe au gentil coeur,
Que mon repos ne tourne en peine
Par la serpentine furie
Ainsi de ta fertile veine
Jamais ne soit l'humeur tarie.
Fontaine, dont l'eau cristalline,
D'amont le rocher tombe aval,
Murmurant parmi la colline,
Puis tombe paisible en son val,
Où d'une trace continue
Torse en serpent, se traîne et pousse,
Et, à travers l'herbe menue,
Passe, arrosant l'épaisse mousse,
Mille et mille oiseaux qui te hantent,
Le flateux bruit, le frais des eaux,
Et les nymphes qui autour chantent
Répondant au chant des oiseaux,
L'air doux, la lumière éthérée,
Ce creux antre qui se recule,
Où ne touche l'heure altérée
De la brûlante canicule;
Les arbres touffus, la froide ombre,
Les fleurs et le verdoyant pré
Bref, tout ce pourpris, en grand nombre
De belles couleurs diapré,
Font que le dur ennui j'oublie
Et que la lyre à gré je touche
Attendant la tâche accomplie
Du soleil qui trop tôt se couche.
Près de toi, Fontaine sacrée,
L'envie et tort nous défions
Grondant que ton bruit nous récrée,
Unique plaisir d'Amphion
Qui a délaissé la Dircée,
L'aracynthe, les thébaines roches,
Pour ton eau sans cesse versée,
Pour ce roc et tes antres proches.
A ta vive et fuyante course
Ne vient le profane approcher,
Tu m'es d'Aganippe la source
Et mon Hélicon, ce rocher.
A ton bruit ma lyre j'accorde
Chantant l'heur de ma destinée
Les amours je sonne à la corde,
Au creux airain, le grand Enée.
Le chant qu'ainsi oisif sur l'herbe
J'entonne, étendu à l'envers,
Te rendra fameuse et superbe,
Gardant la gloire de mes vers ;
A toi, sous cette roche ombreuse,
Callirhoé, Nymphe gentille,
Je veux goûter à la main creuse
L'honneur de ton eau qui sautille.
Elle est fraîche, nette, épurée,
Et brille au soleil clair et beau ;
Mais puisque les vers n'ont durée
Qui sont écrits de buveurs d'eau,
Sus, Bacchus, noble capitaine,
Que du vin soit pleine ma tasse
Qui rafraîchit, en la fontaine,
Une heure avant que je chantasse.
En chantant fais que je m'endorme
Au bruit cette douce liqueur ;
Si je sommeille sous cet orme
Garde moi, Nymphe au gentil coeur,
Que mon repos ne tourne en peine
Par la serpentine furie
Ainsi de ta fertile veine
Jamais ne soit l'humeur tarie.