mercredi 21 novembre 2007

Evangéline (Henry Wadsworth Longfellow) [cinquième partie]

Evangéline est un très long et très épique poème de Henry Wadsworth Longfellow (plus de 3000 lignes et 20 000 mots) qui raconte la déportation des Acadiens.
Ce poème a eu un grand effet sur les cultures acadiennes et
canadiennes (d'après Wikipedia).
La traduction en
français est due à Pamphile Le May.
Poésie en vrac va publier petit à petit l'intégralité de ce poème incroyable.

Une estime profonde, une amitié durable
Liaient donc l'ouvrier et le fermier. Ainsi
Leurs deux enfants aimés étaient liés aussi.
Et le père Félix, en son hameau champêtre,
Depuis longtemps déjà maître d'école et prêtre,
Leur avait, dans son livre, en même temps, montré
A lire une prière, à dire un chant sacré.
Ils paraissaient deux fleurs d'un même souffle issues.

Les cantiques chantés et les leçons bien sues,
Ils couraient tout joyeux à la forge, pour voir
Basile, les bras nus et le visage non,
Un tablier de cuir autour de la ceinture,
Prendre comme un jouet, d'une main forte et sure,
Le sabot d'un cheval, puis y clouer le fer.
Et, pendant ce temps-là, dans un vrai feu d'enfer,
Près de lui rougissait un grand cercle de roue,
Tel un souple serpent qui se courbe et se noue
Au milieu des tisons qui l'ont emprisonne.

Quand la cloche du soir, l'automne, avait sonné,
Que le calme régnait, et que la forge sombre
Menaçait d'éclater, sous les éclairs sans nombre
Qui sortaient des carreaux et des trous du lambris,
Ils venaient regarder avec des yeux surpris,
Le soufflet haletant qui ranimait la braise,
Et dans l'effluve chaud ils causaient à leur aise.
Puis, quand le grand soufflet cessait de bourdonner,
Et qu'ils n'entendaient plus l'enclume résonner,
Riant, ils comparaient à de pieuses vierges,
Qui rentrent lentement, avec de pâles cierges,
Dans leur chapelle sainte, au milieu de la nuit,
Les étincelles d'or qui retombaient sans bruit,
Et mouraient tour à tour dans les cendres éteintes.

Quand l'hiver déployait son voile, blanches teintes,
Sur un traîneau léger, on les voyait tous deux
Descendre vitement les grands côteaux neigeux.
Et souvent, à la grange, avec un soin bizarre,
Ils cherchaient, dans les nids, cette pierre si rare
Que l'hirondelle trouve au bord du flot mouvant,
Et qu'elle apporte alors à son nid, sous l'auvent,
Pour redonner la vue à sa chère couvée.
La chance souriait a qui l'avait trouvée,
Cette Pierre étonnante.

Pour en savoir plus sur l'Acadie et Evangéline (avec notamment quelques cartes géographiques anciennes de l'Acadie) :