mercredi 23 avril 2008

Les colchiques (Guillaume Apollinaire)

Le comptoir des vers étant toujours en rupture d'Arthur Rimbaud et de ses voyelles, ce soir sur la carte nous continuons avec du Guillaume Apollinaire avec un poème botanique dans la lignée du pont Mirabeau ou de Nuit Rhénane en attendant la remontée de nos stocks.


Le pré est vénéneux mais joli en automne

Les vaches y paissant

Lentement s'empoisonnent

Le colchique couleur de cerne et de lilas

Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là

Violatres comme leur cerne et comme cet automne

Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne

Les enfants de l'école viennent avec fracas

Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica

Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères

Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières

Qui battent comme les fleurs battent au vent dément

Le gardien du troupeau chante tout doucement

Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent

Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne