lundi 16 février 2009

Voyelles (Arthur Rimbaud)

Fut-ce sur un comptoir, pour écrire des mots, même très brefs, il faut des lettres.
Voici les célèbres voyelles de couleur d'Arthur Rimbaud.

Les amateurs d'émotions fortes pourront se délecter d'autres Arthur Rimbaud très différents tels Vénus Anadyomène ou de Mes petites amoureuses.

A défaut de voyelles, la carte du comptoir des poésies, sans aucun autre commentaire, suggère aussi sa sélection préférée :

- Arthur Rimbaud : le bateau ivre, le dormeur du val, sensations, Vénus Anadyomène, petites amoureuses, chanson de la plus haute tour, ma Bohème, l'orgie parisienne, Michel et Christine, les mains de Jeanne-Marie, chant de guerre parisien, les assis, l'homme juste, au cabaret vert (cinq heures du soir), Marine, soleil et chair, tête de faune, à la musique, première soirée, aube, les douaniers, Bruxelles, mouvement, jeune ménage, age d'or, ô saisons ô chateaux, les étrennes des orphelins

- Edmond Rostand : tirade des nez de Cyrano de Bergerac, petit chat, sept moyens de monter dans la Lune, rois mages, l'hymne au soleil, nénuphars

- Guillaume Apollinaire : le Pont Mirabeau, nuit rhénane, Marizibill, l'émigrant de Landor Road, dans l'abri-caverne, acousmate, Annie, ô naturel désir, l'adieu, la Victoire, à l'Italie, le chef de section, nocturne, le vigneron champenois, chant de l'horizon en Champagne, à la Santé

- Charles Baudelaire : l'albatros, les bijoux, je n'ai pas pour maîtresse une lionne illustre (prélude à Sarah), toute entière, confession, "j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans", quand le ciel bas et lours pèse comme un couvercle, les ténèbres, le soleil, à celle qui est trop gaie, correspondances, une mendiante rousse, une martyre, à une dame créole, le chat

-
Louis Aragon : l'étrangère, que serais-je sans toi ?, est-ce ainsi que les hommes vivent ?, Elsa, chambres d'un moment, chambre garnie, les mains d'Elsa, un jour un jour, Santa Espina, la rose et le réséda, Elsa au miroir, Charlot mystique, nous dormirons ensemble, l'affiche rouge, la belle italienne, j'arrive où je suis étranger, les yeux d'Elsa

- José Maria de Heredia : les conquérants, le tepidarium, le voeu, soir de bataille, le vitrail, la belle viole, l'esclave, fleurs de feu, Tranquillus

- Joachim du Bellay : heureux qui comme Ulysse, au fleuve de Loire


A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,

Je dirai quelque jour vos naissances latentes :

A, noir corset velu des mouches éclatantes

Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,

Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;

I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles

Dans la colère ou les ivresses pénitentes,

U, cycles, vibrements divins des mers virides,

Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides

Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux,

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,

Silences traversés des Mondes et des Anges,

O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !