lundi 14 juillet 2008

Le tepidarium (José Maria de Heredia)

La panne récurente d'Arthur Rimbaud et de voyelles ainsi que de Guillaume Apollinaire, de pont Mirabeau et de Nuit Rhénane, conduit la carte du comptoir des vers à publier ce petit poème pompier de José Maria de Heredia.

La myrrhe a parfumé leurs membres assouplis ;

Elles rêvent, goûtant la tiédeur de décembre,

Et le brasier de bronze illuminant la chambre

Jette la flamme et l'ombre à leurs beaux fronts pâlis.

Aux coussins de byssus, dans la pourpre des lits,

Sans bruit, parfois un corps de marbre rose ou d'ambre

Ou se soulève à peine ou s'allonge ou se cambre ;

Le lin voluptueux dessine de longs plis.

Sentant à sa chair nue errer l'ardent effluve,

Une femme d'Asie, au milieu de l'étuve,

Tord ses bras énervés en un ennui serein ;

Et le pâle troupeau des filles d'Ausonie

S'enivre de la riche et sauvage harmonie

Des noirs cheveux roulant sur un torse d'airain.