dimanche 1 mars 2009

Dans la rue (Jules Laforgue)

La carte du comptoir des vers suggère comme dessert un très court Jules Laforgue.

La carte du comptoir des poésies, sans commentaire additionel, suggère aussi de parcourir ses "classiques" proposés en bas de ce poème.


C'est le trottoir avec ses arbres rabougris.

Des mâles égrillards, des femelles enceintes,

Un orgue inconsolable ululant ses complaintes,

Les fiacres, les journaux, la réclame et les cris.

Et devant les cafés où des hommes flétris

D'un oeil vide et muet contemplaient leurs absinthes

Le troupeau des catins défile lèvres peintes

Tarifant leurs appas de macabres houris.

Et la Terre toujours s'enfonce aux steppes vastes,

Toujours, et dans mille ans Paris ne sera plus

Qu'un désert où viendront des troupeaux inconnus.

Pourtant vous rêverez toujours, étoiles chastes,

Et toi tu seras loin alors, terrestre îlot

Toujours roulant, toujours poussant ton vieux sanglot.


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Les "classiques" de la
carte du comptoir des vers :


- Charles Baudelaire : l'albatros, les bijoux, "j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans", je n'ai pas pour maîtresse une lionne illustre (prélude à Sarah), le soleil, toute entière, une martyre, à une dame créole, j'aime le souvenir de ces époques nues, une mendiante rousse, confession, les ténèbres, quand le ciel bas et lours pèse comme un couvercle, à celle qui est trop gaie, correspondances, le chat

- Arthur Rimbaud : le bateau ivre, le dormeur du val, voyelles, sensations, Vénus Anadyomène, chant de guerre parisien, chanson de la plus haute tour, ma Bohème, les douaniers, l'homme juste, petites amoureuses, première soirée, aube, au cabaret vert (cinq heures du soir), Michel et Christine, Marine, les mains de Jeanne-Marie, les assis, soleil et chair, tête de faune, à la musique, mouvement, jeune ménage, age d'or, ô saisons ô chateaux, les étrennes des orphelins, Bruxelles, l'orgie parisienne, les pauvres à l'église

- Edmond Rostand : tirade des nez de Cyrano de Bergerac, sept moyens de monter dans la Lune (Cyrano de Bergerac), petit chat, l'hymne au soleil, rois mages, nénuphars

-
Louis Aragon : l'étrangère, que serais-je sans toi ?, est-ce ainsi que les hommes vivent ?, la belle italienne, l'affiche rouge, Santa Espina, chambre garnie, chambres d'un moment, nous dormirons ensemble, la rose et le réséda, un jour un jour, Charlot mystique, Elsa, Elsa au miroir, les mains d'Elsa, j'arrive où je suis étranger, les yeux d'Elsa

- Guillaume Apollinaire : le Pont Mirabeau, l'adieu, nuit rhénane, nocturne, le vigneron champenois, le chef de section, Marizibill, l'émigrant de Landor Road, chant de l'horizon en Champagne, acousmate, la Victoire, ô naturel désir, à l'Italie, Annie, dans l'abri-caverne, à la Santé

- Joachim du Bellay : heureux qui comme Ulysse, au fleuve de Loire, cent fois plus qu'à louer on se plaît à médire, à Madame Marguerite d'écrire en sa langue

- José Maria de Heredia : les conquérants ("comme un vol de gerfauts hors du charnier natal"), l'esclave, le vitrail, soir de bataille, le voeu, le tepidarium, la belle viole, fleurs de feu, Tranquillus

- Et bien entendu, le très long et très kitsch poème acadien de H.W. Longfellow Evangéline