Antéros (Gérard de Nerval)
La carte du comptoir des vers poursuit sa série sur la matière première du poème le pied en surexploitant un filon de Gérard de Nerval où le neurasthénique poète nous prend en permanence à contre-pied, cette fois avec un poème incompréhensible et mythologique.
La carte du comptoir des vers profite de ce filon Nerval pour laisser tranquille Arthur Rimbaud et ses Voyelles, Sensations, Bohème, Chanson de la plus haute tour, Dormeur du Val, Bateau Ivre, Vénus Anadyomène, Petites amoureuses et Orgie parisienne.
Et toujours aussi peu de Guillaume Apollinaire (le Pont Mirabeau, Nuit Rhénane, l'Adieu ...) dans le stock ...
Tu demandes pourquoi j'ai tant de rage au coeur
Et sur un col flexible une tête indomptée,
C'est que je suis issu de la race d'Antée,
Je retourne les dards contre le Dieu vainqueur.
Oui, je suis de ceux-là qu'inspire le Vengeur,
Il m'a marqué le front de sa lèvre irritée,
Sous la pâleur d'Abel, hélas ! ensanglantée,
J'ai parfois de Caïn l'implacable rougeur !
Jéhovah ! le dernier, vaincu par ton génie,
Qui, du fond des enfers, criait : " Ô tyrannie ! "
C'est mon aïeul Bélus ou mon père Dagon ...
Ils m'ont plongé trois fois dans les eaux du Cocyte,
Et, protégeant tout seul ma mère Amalécyte,
Je ressème à ses pieds les dents du vieux dragon.