mercredi 16 janvier 2008

Vénus Anadyomène (Arthur Rimbaud)

Après la série sur Evangeline, voici, déposée sur la carte du comptoir de la poésie, la suite de la brève série de poèmes avec le mot "mot".
En effet, comme proclame un chanteur inénarrable et néammoins
national, "les mots, les mots ne sont jamais les mêmes".

Dans cette livraison, Arthur Rimbaud nous gratifie d'une Vénus Anadyomène, poème totalement sordide et hideux dont la lecture pourrait heurter les âmes sensibles.

Si Clara Vénus Anadyomène ne vous réussit pas, la carte du comptoir des vers, sans commentaire, vous propose plutôt sa sélection :

- D'autres Arthur Rimbaud : le bateau ivre, voyelles, le dormeur du val, voyelles, sensations, petites amoureuses, l'homme juste, au cabaret vert (cinq heures du soir), Marine, soleil et chair, tête de faune, à la musique, première soirée, aube, chant de guerre parisien, les douaniers, Bruxelles, mouvement, jeune ménage, age d'or, chanson de la plus haute tour, ma Bohème, l'orgie parisienne, Michel et Christine, les mains de Jeanne-Marie, les assis, ô saisons ô chateaux, les étrennes des orphelins

- Guillaume Apollinaire : le Pont Mirabeau, nuit rhénane, Marizibill, Annie, l'adieu, la Victoire, l'émigrant de Landor Road, dans l'abri-caverne, ô naturel désir, acousmate, à l'Italie, le chef de section, nocturne, le vigneron champenois, chant de l'horizon en Champagne, à la Santé

-
Edmond Rostand : tirade des nez de Cyrano de Bergerac, petit chat, sept moyens de monter dans la Lune (Cyrano de Bergerac), l'hymne au soleil, rois mages, nénuphars

- Louis Aragon : l'étrangère, que serais-je sans toi ?, est-ce ainsi que les hommes vivent ?, Elsa, chambres d'un moment, chambre garnie, Elsa au miroir, Charlot mystique, nous dormirons ensemble, l'affiche rouge, un jour un jour, la belle italienne, les mains d'Elsa, Santa Espina, la rose et le réséda, j'arrive où je suis étranger, les yeux d'Elsa

-
Charles Baudelaire : l'albatros, les bijoux, je n'ai pas pour maîtresse une lionne illustre (prélude à Sarah), toute entière, le soleil, à celle qui est trop gaie, confession, "j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans", quand le ciel bas et lours pèse comme un couvercle, les ténèbres, correspondances, une mendiante rousse, une martyre, à une dame créole, le chat

- José Maria de Heredia : les conquérants, soir de bataille, le tepidarium, le vitrail, la belle viole, l'esclave, fleurs de feu, le voeu, Tranquillus

- Joachim du Bellay : heureux qui comme Ulysse, au fleuve de Loire


Comme d'un cercueil vert en fer blanc, une tête

De femme à cheveux bruns fortement pommadés

D'une vieille baignoire émerge, lente et bête,

Avec des déficits assez mal ravaudés,

Puis le col gras et gris, les larges omoplates

Qui saillent, le dos court qui rentre et qui ressort ;

Puis les rondeurs des reins semblent prendre l'essor,

La graisse sous la peau paraît en feuilles plates,

L'échine est un peu rouge, et le tout sent un goût

Horrible étrangement ; on remarque surtout

Des singularités qu'il faut voir à la loupe ...

Les reins portent deux mots gravés : Clara Vénus,

Et tout ce corps remue et tend sa large croupe

Belle hideusement d'un ulcère à l'anus.