mardi 29 mai 2007

Quand le livre où s'endort chaque soir ma pensée (Victor Hugo)

Quand le livre où s'endort chaque soir ma pensée,

Quand l'air de la maison, les soucis du foyer,

Quand le bourdonnement de la ville insensée

Où toujours on entend quelque chose crier,

Quand tous ces mille soins de misère ou de fête

Qui remplissent nos jours, cercle aride et borné,

Ont tenu trop longtemps, comme un joug sur ma tête,

Le regard de mon âme à la terre tourné,

Elle s'échappe enfin, va, marche, et dans la plaine

Prend le même sentier qu'elle prendra demain,

Qui l'égare au hasard et toujours la ramène,

Comme un coursier prudent qui connaît le chemin.

Elle court aux forêts où dans l'ombre indécise

Flottent tant de rayons, de murmures, de voix,

Trouve la rêverie au premier arbre assise,

Et toutes deux s'en vont ensemble dans les bois !