samedi 4 avril 2009

La mort d'une libellule (Anatole France)

La carte du comptoir livre un poème animalier d'Anatole France.

La carte du comptoir des poésies, sans plus de commentaires ni d'explications, suggère ses "classiques" en bas de cet opus.


Sous les branches de saule en la vase baignées

Un peuple impur se tait, glacé dans sa torpeur,

Tandis qu'on voit sur l'eau de grêles araignées

Fuir vers les nymphéas que voile une vapeur.

Mais, planant sur ce monde où la vie apaisée

Dort d'un sommeil sans joie et presque sans réveil,

Des êtres qui ne sont que lumière et rosée

Seuls agitent leur âme éphémère au soleil.

Un jour que je voyais ces sveltes demoiselles,

Comme nous les nommons, orgueil des calmes eaux,

Réjouissant l'air pur de l'éclat de leurs ailes,

Se fuir et se chercher par-dessus les roseaux,

Un enfant, l'oeil en feu, vint jusque dans la vase

Pousser son filet vert à travers les iris,

Sur une libellule ; et le réseau de gaze

Emprisonna le vol de l'insecte surpris.

Le fin corsage vert fut percé d'une épingle ;

Mais la frêle blessée, en un farouche effort,

Se fit jour, et, prenant ce vol strident qui cingle,

Emporta vers les joncs son épingle et sa mort.

Il n'eût pas convenu que sur un liège infâme

Sa beauté s'étalât aux yeux des écoliers :

Elle ouvrit pour mourir ses quatre ailes de flamme,

Et son corps se sécha dans les joncs familiers.

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Les "classiques" de la
carte du comptoir des vers :


- Charles Baudelaire : l'albatros, les bijoux, les ténèbres, une mendiante rousse, je n'ai pas pour maîtresse une lionne illustre (prélude à Sarah), une martyre, correspondances, à celle qui est trop gaie, à une dame créole, le soleil, toute entière, j'aime le souvenir de ces époques nues, quand le ciel bas et lours pèse comme un couvercle, "j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans", confession, le chat

-
Joachim du Bellay : heureux qui comme Ulysse, cent fois plus qu'à louer on se plaît à médire, au fleuve de Loire, à Madame Marguerite d'écrire en sa langue

- José Maria de Heredia : les conquérants ("comme un vol de gerfauts hors du charnier natal"), l'esclave, le tepidarium, la belle viole, le vitrail, soir de bataille, le voeu, fleurs de feu, Tranquillus, le bain

- Edmond Rostand : tirade des nez de Cyrano de Bergerac, sept moyens de monter dans la Lune (Cyrano de Bergerac), petit chat, rois mages, l'hymne au soleil, nénuphars

-
Sabine Sicaud : douleur je vous déteste, jour de fièvre, vous parler ?, chemins de l'ouest, la vieille femme de la Lune, premières feuilles, la solitude, la grotte des lépreux

- Arthur Rimbaud : le bateau ivre, le dormeur du val, voyelles, sensations, chanson de la plus haute tour, les assis, Vénus Anadyomène, chant de guerre parisien, première soirée, Marine, les douaniers,l'homme juste, les mains de Jeanne-Marie, les étrennes des orphelins, petites amoureuses, aube, soleil et chair, au cabaret vert (cinq heures du soir), ma Bohème, Michel et Christine, jeune ménage,tête de faune, à la musique, mouvement, age d'or, ô saisons ô chateaux, Bruxelles, l'orgie parisienne, les pauvres à l'église

- Guillaume Apollinaire : le Pont Mirabeau, l'adieu, nuit rhénane, ô naturel désir, Annie, Marizibill, à l'Italie, le chef de section, acousmate, dans l'abri-caverne, la Victoire, chant de l'horizon en Champagne,nocturne, le vigneron champenois, l'émigrant de Landor Road, à la Santé

- Louis Aragon : l'étrangère, que serais-je sans toi ?, est-ce ainsi que les hommes vivent ?, Elsa, un jour un jour, nous dormirons ensemble, Santa Espina,la rose et le réséda, l'affiche rouge, la belle italienne, Charlot mystique, chambre garnie, chambres d'un moment,
Elsa au miroir, les mains d'Elsa, j'arrive où je suis étranger, les yeux d'Elsa

- Et, bien entendu, le kitschissime poème acadien de H.W. Longfellow Evangéline