vendredi 28 novembre 2008

Homme est un mot (Louis Antoine de Saint-Just)

Après l'évocation du mot mot, du mot pause et même du mot commentaire, le comptoir des vers et sa carte de poésies s'en prennent au vocable composé. Comprenne qui pourra (Inspiration Dada ?) ...
Voici l'oeuvre d'un illustre inconnu du XVIIème
siècle.


Pour cause de composé, la carte du comptoir poétique, sans aucun commentaire, relègue dans l'arrière-boutique l'Aragon (Elsa, Chambres d'un moment, Chambre garnie, Charlot mystique, Un jour un jour, La rose et le réséda, Les lilas et les roses, Est-ce ainsi que les hommes vivent ?, Santa Espina, Que serais-je sans toi ?, La belle italienne, Nous dormirons ensemble, Les mains d'Elsa, Elsa au miroir, J'arrive où je suis étranger, L'affiche rouge, Les yeux d'Elsa), l'
Arthur Rimbaud (Voyelles, le Bateau Ivre, Sensations, Ma Bohème, Vénus Anadyomène, Chanson de la plus haute tour, le Dormeur du Val, Petites amoureuses ou l'Orgie parisienne), l'Edmond Rostand (La tirade des nez de Cyrano de Bergerac, Le Petit Chat) et le Guillaume Apollinaire (le Pont Mirabeau, Nuit Rhénane, l'Adieu, l'Emigrant de Landor Road, Marizibill, La Victoire, Le Chef de Section, Ô naturel désir, Nocturne, A l'Italie, Acousmate, Chant de l'Horizon en Champagne, Le Vigneron Champenois, Dans l'Abri-caverne, Annie, A la Santé ...).


Homme est un mot qui ne caractérise

Qu'un animal, ainsi qu'ours et lion ;

Son naturel est erreur et sottise,

Malignité, superbe, ambition,

Il naît et meurt ; et mort, on le méprise.

De son destin orgueilleux, on le voit

Fouler la terre en pays de conquête,

Que la raison a soumis à sa loi ;

Il n'est plus que la première bête

De ce séjour dont il se dit le Roi.

Maître du monde, esclave de lui-même,

Il creuse tout, et ne sait ce qu'il est ;

Son coeur, pétri d'orgueil et d'intérêt,

Craint ce qu'il hait, méprise ce qu'il aime.

Impudemment il appelle vertu

Le crime sourd d'un sophisme vêtu.

Son amour-propre inventa l'apparence ;

L'intérêt vil lui donna la prudence,

Et sa raison n'est qu'un noir composé

D'orgueil adroit, d'orgueil intéressé.

L'or animé dans ses veines palpite ;

L'or est son coeur ; c'est le Dieu qui l'agite ;

Sa voix le traîne au travers des dangers,

Pour s'engraisser sur des bords étrangers.

L'or inventa les Arts, l'Astronomie,

Et l'Avarice est mère du Génie.