lundi 9 juin 2008

Gente dame (Tristan Corbiere)

La carte du comptoir des vers propose un petit coup de Corbiere pour attendre l'hypothétique retour d'Arthur Rimbaud et de ses voyelles ainsi que de Guillaume Apollinaire, de son pont Mirabeau et de sa Nuit Rhénane.

Il n'est plus, ô ma Dame,

D'amour en cape, en lame,

Que Vous ! ...

De passion sans obstacle,

Mystère à grand spectacle,

Que nous ! ...

Depuis les Tours de Nesle

Et les Châteaux de Presle,

Temps frais,

Où l'on couchait en Seine

Les galants, pour leur peine ...

Après.

Quand vous êtes Frisette,

Il n'est plus de grisette

Que Toi ! ...

Ni de rapin farouche,

Pur Rembrandt sans retouche,

Que moi !

Qu'il attende, Marquise,

Au grand mur de l'église

Flanqué,

Ton bon coupé vert-sombre,

Comme un bravo dans l'ombre,

Masqué.

A nous ! J'arme en croisière

Mon fiacre-corsaire,

Au vent,

Bordant, comme une voile,

Le store qui nous voile :

Avant ! ...

Quartier dolent tourelle

Tout au haut de l'échelle ...

Quel pas !

Au sixième Eh ! madame,

C'est tomber, sur mon âme !

Bien bas !

Au grenier poétique,

gîte le classique

Printemps,

Viens courre, aventurière,

Ce lapin de gouttière :

Vingt ans !

Ange, viens pour ton hère

Jouer à la misère

Des dieux !

Pauvre diable à ficelles,

Lui, joue avec tes ailes,

Aux cieux !

Viens, Béatrix du Dante,

Mets dans ta main charmante

Mon front ...

Ou passe, en bonne fille,

Fière au bras de ton drille,

Le pont.

Demain, ô mâle amante,

Reviens-moi Bradamante !

Muguet !

Eschôlier en fortune,

Narguant, de vers la brune,

Le guet !