Gaieté (Gérard de Nerval)
La carte du comptoir des vers poursuit sa série sur la matière première du poème le pied avec un autre opus de Gérard de Nerval où le neurasthénique poète nous prend ... à contre-pied avec ce gai, et néanmoins plat, poème sur le vin !
Aussi la carte du comptoir des vers profite de cette escapade chez Nerval pour laisser reposer Arthur Rimbaud et ses Voyelles, Sensations, Bohème, Chanson de la plus haute tour, Dormeur du Val, Bateau Ivre, Vénus Anadyomène, Petites amoureuses et Orgie parisienne.
Et toujours pas de Guillaume Apollinaire (le Pont Mirabeau, Nuit Rhénane, l'Adieu ...) dans le stock ...
Petit piqueton de Mareuil,
Plus clairet qu'un vin d'Argenteuil,
Que ta saveur est souveraine !
Les Romains ne t'ont pas compris
Lorsqu'habitant l'ancien Paris
Ils te préféraient le Suresne.
Ta liqueur rose, ô joli vin !
Semble faite du sang divin
De quelque nymphe bocagère,
Tu perles au bord désiré
D'un verre à côtes, coloré
Par les teintes de la fougère.
Tu me guéris pendant l'été
De la soif qu'un vin plus vanté
M'avait laissé depuis la veille ;
Ton goût suret, mais doux aussi,
Happant mon palais épaissi,
Me rafraîchit quand je m'éveille.
Eh quoi ! si gai dès le matin,
Je foule d'un pied incertain
Le sentier où verdit ton pampre !
Et je n'ai pas de Richelet
Pour finir ce docte couplet...
Et trouver une rime en ampre.