jeudi 26 juillet 2007

Puis rue qui s'en va (Max Elskamp)

Puis rue qui s'en va

Chercher les bassins,

Bouges, galetas,

Où vont les marins,


Maisons à rideaux

Baissés mais qui bougent,

Filtrant un jour clos

De lumière rouge,

C'est filles anglaises

Occupées à boire,

Vêtant pour aimer

Des maillots de moire,

Dans le jour qui pèse

Dehors et si lourd,

Dans le soir d'été

Qui vendent l'amour.

Mais liqueurs au choix

Lors comme la chair,

Aquavit danois,

Anis grec amer,

Whiskey irlandais,

Rhum américain,

Saké japonais,

Opium indien,

Et glaces mirant

En jaune et en noir

Les cuivres luisants

Au dos du comptoir,

Femmes et qui causent

Les épaules nues,

Ou bien se reposent

En long étendues,

Bagues à leurs mains,

Rêvant mal ou pire,

Ou trouvant leur bien

Enfin à dormir.

Lors temps qui s'espace

Dit en heures lentes,

Et jour qui se passe

Ici dans l'attente,


Yeux comme une rampe

Les suivant les murs,

Et sur des estampes

Qui s'arrêtent durs :

On voit le Vésuve

En feu qui se pâme,

Ainsi qu'une cuve

D'enfer et de flammes,

Et rouge et carmin

Plus loin appendu,

Le pont de Brooklyn

Dans l'air suspendu.