jeudi 30 octobre 2008

La nuit d'avril 1915 (Guillaume Apollinaire)

La série sur Guillaume Apollinaire (le Pont Mirabeau, Nuit Rhénane, l'Adieu, l'Emigrant de Landor Road, Ô naturel désir, Nocturne, A l'Italie, Acousmate, Marizibill ...) se poursuit sur la carte du comptoir des vers avec encore un opus tragique sur la première guerre mondiale dans la lignée de Si Je mourais là-bas.

Pour cause d'Apollinaire, la carte du comptoir des vers cesse pour l'instant de livrer de l'
Arthur Rimbaud (Voyelles, Sensations, Ma Bohème, Chanson de la plus haute tour, le Dormeur du Val, le Bateau Ivre, Vénus Anadyomène, Petites amoureuses ou l'Orgie parisienne).


Le ciel est étoilé par les obus des Boches

La forêt merveilleuse où je vis donne un bal

La mitrailleuse joue un air à triples-croches

Mais avez-vous le mot

Eh ! oui le mot fatal

Aux créneaux

Aux créneaux

Laissez là les pioches

Comme un astre éperdu qui cherche ses saisons

Cœur obus éclaté tu sifflais ta romance

Et tes mille soleils ont vidé les caissons

Que les dieux de mes yeux remplissent en silence

Nous vous aimons ô vie et nous vous agaçons

Les obus miaulaient un amour à mourir

Un amour qui se meurt est plus doux que les autres

Ton souffle nage au fleuve où le sang va tarir

Les obus miaulaient

Entends chanter les nôtres

Pourpre amour salué par ceux qui vont périr

Le printemps tout mouillé la veilleuse l'attaque

Il pleut mon âme il pleut mais il pleut des yeux morts

Ulysse que de jours pour rentrer dans Ithaque

Couche-toi sur la paille et songe un beau remords

Qui pur effet de l'art soit aphrodisiaque

Mais orgues aux fétus de la paille où tu dors

L'hymne de l'avenir est paradisiaque