samedi 14 juillet 2007

Dimanche (Jules Laforgue)

J'aurai passé ma vie à faillir m'embarquer

Dans de bien funestes histoires,

Pour l'amour de mon coeur de Gloire !....

- Oh ! qu'ils sont chers les trains manqués

Où j'ai passé ma vie à faillir m'embarquer !....

Mon coeur est vieux d'un tas de lettres déchirées,

Ô Répertoire en un cercueil

Dont la Poste porte le deuil !....

- Oh ! ces veilles d'échauffourées

Où mon coeur s'entraînait par lettres déchirées !....

Tout n'est pas dit encor, et mon sort est bien vert.

Ô Poste, automatique Poste,

Ô yeux passants fous d'holocaustes,

Oh ! qu'ils sont là, vos airs ouverts !....

Oh ! comme vous guettez mon destin encor vert !

Une, pourtant, je me rappelle,

Aux yeux grandioses

Comme des roses,

Et puis si belle !....

Sans nulle pose.

Une voix me criait : " C'est elle ! Je le sens ;

" Et puis, elle te trouve si intéressant ! "

- Ah ! que n'ai-je prêté l'oreille à ses accents !...