lundi 9 juillet 2007

Simples fresques (Paul Verlaine)

La fuite est verdâtre et rose

Des collines et des rampes

Dans un demi-jour de lampes

Que vient brouiller toute chose.

L'or sur les humbles abîmes,

Tout doucement s'ensanglante.

Des petits arbres sans cimes

Où quelque oiseau faible chante

Triste à peine tant s'effacent

Ces apparences d'automne,

Toutes mes langueurs rêvassent,

Que berce l'air monotone.

L'allée est sans fin

Sous le ciel, divin

D'être pâle ainsi :

Sais-tu qu'on serait

Bien sous le secret

De ces arbres-ci ?

Des messieurs bien mis,

Sans nul doute amis

Des Royers-Collards,

Vont vers le château :

J'estimerais beau

D'être ces vieillards.

Le château, tout blanc

Avec, à son flanc,

Le soleil couché,

Les champs à l'entour :

Oh! que notre amour

N'est-il là niché !