jeudi 10 avril 2008

Au Cabaret Vert - Cinq heures du soir (Arthur Rimbaud)

Ce soir, sur la carte du comptoir des vers, un bref poème d'Arthur Rimbaud à rapprocher de Sensations, Ma Bohème ou Chanson de la plus haute tour ...
Quoique que ce texte ne soit pas sans rappeler, certes légèrement, les abominations que sont Vénus Anadyomène ou Mes petites amoureuses.


Depuis huit jours j'avais déchiré mes bottines

Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi.

Au Cabaret Vert : je demandais des tartines

Du beurre et du jambon qui fût à moitié froid.

Bienheureux, j'allongeais les jambes sous la table

Verte : je contemplais les sujets très naïfs

De la tapisserie. Et ce fut adorable,

Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,

Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'apeure !

Rieuse, m'apporta des tartines de beurre,

Du jambon tiède, dans un plat colorié,

Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse

D'ail et m'emplit la chope immense, avec sa mousse

Que dorait un rayon de soleil arriéré.