La grande chambre (Emile Verhaeren)
Le comptoir des vers, dont la carte manque toujours d'Arthur Rimbaud , de Vénus Anadyomène, de Sensation et de voyelles ainsi que de Guillaume Apollinaire, de pont Mirabeau et de Nuit Rhénane, propose avant de fermer pour 3 semaines un petit Emile Verhaeren de derrière les fagots.
Et voici quelle était la chambre hospitalière
Où l'étranger trouvait bon gîte et réconfort,
Où les fils étaient nés, où l'aïeul était mort,
Où l'on avait tassé ce grand corps dans sa bière.
Aux kermesses, aux jours de foire et de décor,
La ferme y célébrait la fête coutumière,
Et jadis, quand vivait encore la fermière,
Elle y trônait, au centre, avec ses pendants d'or.
Les murs étaient crépis, deux massives armoires
Étalaient dans les coins leur bois zébré de moires ;
Au fond, un Christ en plâtre expirait sous un dais,
Le front troué, les yeux ouverts sur les ivresses,
Et le parfum des lards et la senteur des graisses
Montaient vers son coeur nu, comme un encens mauvais.