lundi 20 octobre 2008

Myrtho (Gérard de Nerval)

La carte du comptoir des vers persiste avec le gisement de Gérard de Nerval qui fournit sa série sur la matière première du poème le pied .
Cet autre opus du poète neurasthénique est de la même eau que
Antéros, Madame Aguado, Résignation, Louise d'or reine, Gaieté, Fantaisie, J.Y. Colonna, ou Pensée de Byron. Le lecteur attentif retrouvera même des vers d'un autre poème !

La carte du comptoir des vers profite de cette pause Nerval pour délaisser quelque peu Arthur Rimbaud et Voyelles, Sensations, Ma Bohème, Chanson de la plus haute tour, le Dormeur du Val, le Bateau Ivre, Vénus Anadyomène, Petites amoureuses et l'Orgie parisienne.
Et
Guillaume Apollinaire (le Pont Mirabeau, Nuit Rhénane, l'Adieu ...) ne toujours pas frémir l'Audimat ...


Je pense à toi, Myrtho, divine enchanteresse,

Au Pausilippe altier, de mille feux brillant,

A ton front inondé des clartés de l'Orient,

Aux raisins noirs mêlés avec l'or de ta tresse.

C'est dans ta coupe aussi que j'avais bu l'ivresse,

Et dans l'éclair furtif de ton oeil souriant,

Quand aux pieds d'Iacchus on me voyait priant,

Car la Muse m'a fait l'un des fils de la Grèce.

Je sais pourquoi là-bas le volcan s'est rouvert...

C'est qu'hier tu l'avais touché d'un pied agile,

Et de cendres soudain l'horizon s'est couvert.

Depuis qu'un duc normand brisa tes dieux d'argile,

Toujours, sous les rameaux du laurier de Virgile,

Le pâle hortensia s'unit au myrte vert !