samedi 22 novembre 2008

Toute entière (Charles Baudelaire)

Le comptoir des vers et sa carte proposent aujourd'hui un petit Charles Baudelaire où il est, entre autres références sensuelles, question d'analyse.

La carte du comptoir des vers en profite pour marquer une pause de Louis Aragon (Est-ce ainsi que les hommes vivent ?, Que serais-je sans toi ?, J'arrive où je suis étranger), de Guillaume Apollinaire (le Pont Mirabeau, Nuit Rhénane, l'Adieu, l'Emigrant de Landor Road, Ô naturel désir, Nocturne, A l'Italie, Acousmate, Marizibill, La Victoire, Le Chef de Section, Chant de l'Horizon en Champagne, Le Vigneron Champenois, Dans l'Abri-caverne, Annie, A la Santé ...) et d'Arthur Rimbaud (Voyelles, Sensations, Ma Bohème, Chanson de la plus haute tour, le Dormeur du Val, le Bateau Ivre, Vénus Anadyomène, Petites amoureuses ou l'Orgie parisienne).


Le Démon, dans ma chambre haute,

Ce matin est venu me voir,

Et, tâchant à me prendre en faute,

Me dit : Je voudrais bien savoir,

Parmi toutes les belles choses

Dont est fait son enchantement,

Parmi les objets noirs ou roses

Qui composent son corps charmant,

Quel est le plus doux. Ô mon âme !

Tu répondis à l'Abhorré :

Puisqu'en Elle tout est dictame,

Rien ne peut être préféré.

Lorsque tout me ravit, j'ignore

Si quelque chose me séduit.

Elle éblouit comme l'Aurore

Et console comme la Nuit ;

Et l'harmonie est trop exquise,

Qui gouverne tout son beau corps,

Pour que l'impuissante analyse

En note les nombreux accords.

Ô métamorphose mystique

De tous mes sens fondus en un !

Son haleine fait la musique,

Comme sa voix fait le parfum !