Que serais-je sans toi ? (Louis Aragon)
Le comptoir des vers et sa carte continuent leur série sur Louis Aragon, le poète simultanément surréaliste et communiste, avec le célèbre "Que serais-je sans toi ?" mis en musique par Jean Ferrat.
Si l'Aragon (ou la Castille ...) ne vous conviennent pas, la carte du comptoir des poésies, sans aucun autre commentaire, propose aussi sa sélection :
- Louis Aragon : l'étrangère, est-ce ainsi que les hommes vivent ?, Elsa, chambres d'un moment, chambre garnie, les mains d'Elsa, Santa Espina, la rose et le réséda, Elsa au miroir, Charlot mystique, nous dormirons ensemble, l'affiche rouge, un jour un jour, la belle italienne, j'arrive où je suis étranger, les yeux d'Elsa
- Edmond Rostand : tirade des nez de Cyrano de Bergerac, petit chat, sept moyens de monter dans la Lune (Cyrano de Bergerac), l'hymne au soleil, rois mages, nénuphars
- Arthur Rimbaud : le bateau ivre, voyelles, le dormeur du val, sensations, chanson de la plus haute tour, ma Bohème, Vénus Anadyomène, petites amoureuses, l'orgie parisienne, Michel et Christine, les mains de Jeanne-Marie, les assis, l'homme juste, au cabaret vert (cinq heures du soir), Marine, soleil et chair, tête de faune, à la musique, première soirée, aube, chant de guerre parisien, les douaniers, Bruxelles, mouvement, jeune ménage, age d'or, ô saisons ô chateaux, les étrennes des orphelins
- Charles Baudelaire : l'albatros, les bijoux, je n'ai pas pour maîtresse une lionne illustre (prélude à Sarah), toute entière, confession, "j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans", quand le ciel bas et lours pèse comme un couvercle, les ténèbres, le soleil, à celle qui est trop gaie, correspondances, une mendiante rousse, une martyre, à une dame créole, le chat
- Guillaume Apollinaire : le Pont Mirabeau, nuit rhénane, Marizibill, l'émigrant de Landor Road, dans l'abri-caverne, ô naturel désir, acousmate, Annie, l'adieu, la Victoire, à l'Italie, le chef de section, nocturne, le vigneron champenois, chant de l'horizon en Champagne, à la Santé
- José Maria de Heredia : les conquérants, le voeu, soir de bataille, le tepidarium, le vitrail, la belle viole, l'esclave, fleurs de feu, Tranquillus
- Joachim du Bellay : heureux qui comme Ulysse, au fleuve de Loire
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre ?
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant ?
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre ?
Que serais-je sans toi que ce balbutiement ?
J'ai tout appris de toi sur les choses humaines
Et j'ai vu désormais le monde à ta façon
J'ai tout appris de toi comme on boit aux fontaines
Comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines
Comme au passant qui chante on reprend sa chanson
J'ai tout appris de toi jusqu'au sens du frisson.
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre ?
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant ?
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre ?
Que serais-je sans toi que ce balbutiement ?
J'ai tout appris de toi pour ce qui me concerne
Qu'il fait jour à midi, qu'un ciel peut être bleu
Que le bonheur n'est pas un quinquet de taverne
Tu m'as pris par la main dans cet enfer moderne
Où l'homme ne sait plus ce que c'est qu'être deux
Tu m'as pris par la main comme un amant heureux.
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre ?
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant ?
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre ?
Que serais-je sans toi que ce balbutiement ?
Qui parle de bonheur a souvent les yeux tristes
N'est-ce pas un sanglot que la déconvenue
Une corde brisée aux doigts du guitariste
Et pourtant je vous dis que le bonheur existe
Ailleurs que dans le rêve, ailleurs que dans les nues.
Terre, terre, voici ses rades inconnues.
Que serais-je sans toi qui vins à ma rencontre ?
Que serais-je sans toi qu'un coeur au bois dormant ?
Que cette heure arrêtée au cadran de la montre ?
Que serais-je sans toi que ce balbutiement ?