mercredi 22 octobre 2008

Soirs d'octobre (Emile Nelligan)

Toujours de saison, toujours d'automne, toujours à fond vers la Toussaint, après Verhaeren, sa rentrée des moines et sa vieille ferme, la carte du comptoir des vers propose un autre Mimile : Emile Nelligan, obscur et plat poète canadien.

Aussi, momentanément, le comptoir tire le rideau sur Gérard de Nerval (Antéros, Madame Aguado, Résignation, Louise d'or reine, Gaieté, Fantaisie, J.Y. Colonna, ou Pensée de Byron),
Arthur Rimbaud (Voyelles, Sensations, Ma Bohème, Chanson de la plus haute tour, le Dormeur du Val, le Bateau Ivre, Vénus Anadyomène, Petites amoureuses ou l'Orgie parisienne) et Guillaume Apollinaire (le Pont Mirabeau, Nuit Rhénane, l'Adieu ...).


Oui, je souffre, ces soirs, démons mornes chers Saints.

On est ainsi toujours au soupçon des Toussaints.

Mon âme se fait dune à funèbres hantises.

Ah ! donne-moi ton front, que je calme tes crises.

Que veux-tu ? je suis tel, je suis tel dans ces villes,

Boulevardier funèbre échappé des balcons,

Et dont le rêve élude, ainsi que des faucons,

L'affluence des sots aux atmosphères viles.

Que veux-tu ? Je suis tel ... Laisse-moi reposer

Dans la langueur, dans la fatigue et le baiser,

Chère, bien-aimée âme où vont les espoirs sobres ...

Écoute ! ô ce grand soir, empourpré de colères,

Qui, galopant, vainqueur des batailles solaires,

Arbore l'étendard triomphal des Octobres !