lundi 15 décembre 2008

Le voeu (José Maria de Heredia)

La carte du comptoir des vers attaque avec un peu d'avance la saison des voeux avec cet opus alambiqué et romanisant de José Maria de Heredia, l'homme du vol de gerfauts hors du charnier natal (les conquérants).

Le voeu de Heredia conduit la carte du comptoir poétique, sans aucun commentaire, à mettre aux archives le Du Bellay (Heureux qui comme Ulysse), l'Aragon (Elsa, L'étrangère, Chambres d'un moment, Chambre garnie, Charlot mystique, Un jour un jour, La rose et le réséda, Les lilas et les roses, Est-ce ainsi que les hommes vivent ?, Santa Espina, Que serais-je sans toi ?, La belle italienne, Nous dormirons ensemble, Les mains d'Elsa, Elsa au miroir, J'arrive où je suis étranger, L'affiche rouge, Les yeux d'Elsa), l'
Arthur Rimbaud (Voyelles, le Bateau Ivre, Sensations, Ma Bohème, Vénus Anadyomène, Chanson de la plus haute tour, le Dormeur du Val, Petites amoureuses ou l'Orgie parisienne), l'Edmond Rostand (La tirade des nez de Cyrano de Bergerac, Le Petit Chat) et le Guillaume Apollinaire (le Pont Mirabeau, Nuit Rhénane, l'Adieu, l'Emigrant de Landor Road, Marizibill, La Victoire, Le Chef de Section, Ô naturel désir, Nocturne, A l'Italie, Acousmate, Chant de l'Horizon en Champagne, Le Vigneron Champenois, Dans l'Abri-caverne, Annie, A la Santé ...).


Jadis l'Ibère noir et le Gall au poil fauve

Et le Garumne brun peint d'ocre et de carmin,

Sur le marbre votif entaillé par leur main,

Ont dit l'eau bienfaisante et sa vertu qui sauve.

Puis les Imperators, sous le Venasque chauve,

Bâtirent la piscine et le therme romain,

Et Fabia Festa, par ce même chemin,

A cueilli pour les Dieux la verveine ou la mauve.

Aujourd'hui, comme aux jours d'Iscitt et d'Ilixon,

Les sources m'ont chanté leur divine chanson ;

Le soufre fume encore à l'air pur des moraines.

C'est pourquoi, dans ces vers, accomplissant les voeux,

Tel qu'autrefois Hunnu, fils d'Ulohox, je veux

Dresser l'autel barbare aux Nymphes Souterraines.