vendredi 28 novembre 2008

Ce masque, qui celait tantôt votre beauté (Pierre Motin)

Après l'évocation du mot mot, du mot pause et même du mot commentaire, le comptoir des vers et sa carte de poésies s'intéressent au mot composé. Comprenne qui pourra (Inspiration Dada ?) ...
Voici encore une oeuvre d'un illustre inconnu, cette fois du XVIème
siècle.


Pour cause de composé, la carte du comptoir poétique, sans aucun commentaire, laisse dans l'arrière-boutique l'Aragon (Elsa, Chambres d'un moment, Chambre garnie, Charlot mystique, Un jour un jour, La rose et le réséda, Les lilas et les roses, Est-ce ainsi que les hommes vivent ?, Santa Espina, Que serais-je sans toi ?, La belle italienne, Nous dormirons ensemble, Les mains d'Elsa, Elsa au miroir, J'arrive où je suis étranger, L'affiche rouge, Les yeux d'Elsa), l'
Arthur Rimbaud (Voyelles, le Bateau Ivre, Sensations, Ma Bohème, Vénus Anadyomène, Chanson de la plus haute tour, le Dormeur du Val, Petites amoureuses ou l'Orgie parisienne), l'Edmond Rostand (La tirade des nez de Cyrano de Bergerac, Le Petit Chat) et le Guillaume Apollinaire (le Pont Mirabeau, Nuit Rhénane, l'Adieu, l'Emigrant de Landor Road, Marizibill, La Victoire, Le Chef de Section, Ô naturel désir, Nocturne, A l'Italie, Acousmate, Chant de l'Horizon en Champagne, Le Vigneron Champenois, Dans l'Abri-caverne, Annie, A la Santé ...).


Ce masque, qui celait tantôt votre beauté,

Semble à l'obscurité de la nuit effroyable :

Elle cache au soleil sa clarté désirable,

Lui cache de vos yeux la divine clarté.

Ô masque, fallait-il que ton obscurité

Recelât de ses yeux la puissance admirable !

Je pensai voir reluire une aurore agréable

Aussitôt que sa main de son front l'eût ôté.

Son beau teint, composé d'un monceau de fleurettes,

Ses beaux yeux enchanteurs, hôtes des amourettes,

Me firent aussitôt oublier la rigueur

Et l'orgueilleux dédain d'une fille volage

Qui ne porte jamais de masque à son visage,

Mais, toujours inconstante, elle en porte à son cœur.