mardi 27 janvier 2009

Correspondances (Charles Baudelaire)

Laissant tomber les bijoux, la carte du comptoir des vers persévère dans sa série consacrée à Charles Baudelaire. Après Toute entière, le chat, quand le ciel bas et lours pèse comme un couvercle, le soleil, l'albatros, "j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans", une mendiante rousse, une martyre et les bijoux, voici un poème sur le thème de la correspondance.
Pour les puristes, la
carte du comptoir poétique indique que les correspondances étaient initialement composées de deux strophes de quatre vers et de deux strophes de trois vers.

Cette injection continue de Baudelaire, que ses ailes de géant empêchent souvent de marcher, force la carte du comptoir des poésies, sans aucun commentaire, à cesser pour l'instant de faire dans l'Heredia (les Conquérants, le voeu, le vitrail), d'Edmond Rostand (tirade des nez de Cyrano de Bergerac, sept moyens de monter dans la Lune, petit chat, l'hymne au soleil, rois mages, nénuphars), le Du Bellay (Heureux qui comme Ulysse, au fleuve de Loire), l'Aragon (Elsa, Chambre garnie, Chambres d'un moment, Est-ce ainsi que les hommes vivent ?, Un jour un jour, Nous dormirons ensemble, L'étrangère, Charlot mystique, Que serais-je sans toi ?, Santa Espina, La rose et le réséda, La belle italienne, Les mains d'Elsa, Elsa au miroir, J'arrive où je suis étranger, L'affiche rouge, Les yeux d'Elsa), l'Arthur Rimbaud (le Bateau Ivre, Voyelles, Sensations, Vénus Anadyomène, Ma Bohème, Chanson de la plus haute tour, le Dormeur du Val, Petites amoureuses ou l'Orgie parisienne) et le Guillaume Apollinaire (le Pont Mirabeau, Ô naturel désir, Le Vigneron Champenois, Nuit Rhénane, Annie, l'Adieu, La Victoire, A l'Italie, Le Chef de Section, l'Emigrant de Landor Road, Marizibill, Nocturne, Dans l'Abri-caverne, Chant de l'Horizon en Champagne, Acousmate, A la Santé ...).


La Nature est un temple où de vivants piliers

Laissent parfois sortir de confuses paroles ;

L'homme y passe à travers des forêts de symboles

Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent

Dans une ténébreuse et profonde unité,

Vaste comme la nuit et comme la clarté,

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,

Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,

Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,

Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,

Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.