mardi 17 février 2009

L'albatros (Charles Baudelaire)

La carte du comptoir des vers poursuit sa série consacrée à Charles Baudelaire. Après Toute entière, le chat, quand le ciel bas et lours pèse comme un couvercle et le soleil, voici l'albatros, l'oeuvre probablement la plus ornithologique du champion de la neurasthénie.
Pour les puristes ou les fanatiques d'arithmétique, la
carte du comptoir poétique tient à préciser que l'albatros - tiré de Spleen et Idéal des Fleurs du mal - est composé de quatre quatrains de quatre alexandrins chacuns et que les deux derniers vers sont connus pour constituer une rupture de construction appelée anacoluthe (source Wikipedia).


Si cette livraison baudelairienne, que ses ailes de géant empêchent de marcher, ne vous sied pas, la
carte du comptoir des poésies, sans ajouter de commentaire, suggère aussi sa sélection :

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Charles Baudelaire : les bijoux, je n'ai pas pour maîtresse une lionne illustre (prélude à Sarah), "j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans", toute entière, confession, les ténèbres, le soleil, quand le ciel bas et lours pèse comme un couvercle, à celle qui est trop gaie, correspondances, une mendiante rousse, une martyre, à une dame créole, le chat

- Arthur Rimbaud : le bateau ivre, voyelles, le dormeur du val, voyelles, sensations, Vénus Anadyomène, petites amoureuses, chanson de la plus haute tour, ma Bohème, l'orgie parisienne, Michel et Christine, les mains de Jeanne-Marie, au cabaret vert (cinq heures du soir), Marine, soleil et chair, tête de faune, à la musique, première soirée, aube, chant de guerre parisien, les douaniers, Bruxelles, mouvement, jeune ménage, age d'or, les assis, l'homme juste, ô saisons ô chateaux, les étrennes des orphelins

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Edmond Rostand : tirade des nez de Cyrano de Bergerac, petit chat, sept moyens de monter dans la Lune (Cyrano de Bergerac), l'hymne au soleil, rois mages, nénuphars

- Guillaume Apollinaire : le Pont Mirabeau, nuit rhénane, ô naturel désir, acousmate, Marizibill, l'émigrant de Landor Road, dans l'abri-caverne, Annie, l'adieu, la Victoire, à l'Italie, le chef de section, nocturne, le vigneron champenois, chant de l'horizon en Champagne, à la Santé

- Louis Aragon : l'étrangère, que serais-je sans toi ?, est-ce ainsi que les hommes vivent ?, Elsa, chambres d'un moment, chambre garnie, Elsa au miroir, Charlot mystique, les mains d'Elsa, Santa Espina, la rose et le réséda, nous dormirons ensemble, l'affiche rouge, un jour un jour, la belle italienne, j'arrive où je suis étranger, les yeux d'Elsa

- Joachim du Bellay : heureux qui comme Ulysse, au fleuve de Loire

- José Maria de Heredia :
les conquérants, le voeu, soir de bataille, le tepidarium, le vitrail, la belle viole, l'esclave, fleurs de feu, Tranquillus


Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage

Prennent des
albatros, vastes oiseaux des mers,

Qui suivent, indolents compagnons de
voyage,

Le
navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,

Que ces
rois de l'azur, maladroits et honteux,

Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches

Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce
voyageur ailé, comme il est gauche et veule !

Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !

L'un agace son bec avec un brûle-gueule,

L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

Le Poète est semblable au
prince des nuées

Qui hante la tempête et se rit de l'archer,

Exilé sur le sol au milieu des huées,

Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.