A Madame Marguerite, d'écrire en sa langue (Joachim du Bellay)
La carte du comptoir des vers poursuit avec nouveau Joachim du Bellay sur la langue des poèmes et l'exil.
Si cette langue ancienne ne vous convient pas, la carte du comptoir des poésies, sans commentaire, suggère aussi ses classiques :
- D'autres Joachim du Bellay : heureux qui comme Ulysse, au fleuve de Loire, cent fois plus qu'à louer on se plaît à médire
- Charles Baudelaire : l'albatros, les bijoux, j'aime le souvenir de ces époques nues, "j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans", je n'ai pas pour maîtresse une lionne illustre (prélude à Sarah), toute entière, confession, les ténèbres, une mendiante rousse, quand le ciel bas et lours pèse comme un couvercle, le soleil, à celle qui est trop gaie, correspondances, une martyre, à une dame créole, le chat
- Edmond Rostand : tirade des nez de Cyrano de Bergerac, sept moyens de monter dans la Lune (Cyrano de Bergerac), petit chat, rois mages, l'hymne au soleil, nénuphars
- Guillaume Apollinaire : le Pont Mirabeau, l'adieu, nuit rhénane, Annie, Marizibill, la Victoire, l'émigrant de Landor Road, dans l'abri-caverne, ô naturel désir, à l'Italie, le chef de section, nocturne, le vigneron champenois, chant de l'horizon en Champagne, acousmate, à la Santé
- Arthur Rimbaud : le bateau ivre, le dormeur du val, voyelles, sensations, Vénus Anadyomène, petites amoureuses, au cabaret vert (cinq heures du soir), l'orgie parisienne, Michel et Christine, les douaniers, Marine, Bruxelles, les mains de Jeanne-Marie, les assis, l'homme juste, soleil et chair, tête de faune, à la musique, première soirée, aube, chant de guerre parisien, mouvement, jeune ménage, age d'or, ô saisons ô chateaux, chanson de la plus haute tour, ma Bohème, les étrennes des orphelins
- Louis Aragon : l'étrangère, que serais-je sans toi ?, est-ce ainsi que les hommes vivent ?, chambres d'un moment, chambre garnie, nous dormirons ensemble, Charlot mystique, Elsa au miroir, Elsa, les mains d'Elsa, la rose et le réséda, l'affiche rouge, un jour un jour, la belle italienne, j'arrive où je suis étranger, Santa Espina, les yeux d'Elsa
- José Maria de Heredia : les conquérants, le voeu, soir de bataille, le vitrail, le tepidarium, la belle viole, l'esclave, fleurs de feu, Tranquillus
- Et bien sur, le très (trop ?) long et très kitsch poème acadien de H.W. Longfellow Evangéline
Quiconque soit qui s'étudie
En leur langue imiter les vieux,
D'une entreprise trop hardie
II tente la voie des cieux,
Croyant en des ailes de cire,
Dont Phébus le peut déplumer
Et semble, à le voir, qu'il désire
Donner nouveaux noms à la mer.
Il y met de l'eau, ce me semble,
Et pareil peut être encore est
A celui qui du bois assemble
Pour le porter en la forêt.
Qui suivra la divine Muse
Qui tant sut Achille extoller ?
Où est celui qui tant s'abuse
De cuider encore voler ?
Où, par régions inconnues,
Le cygne Thébain, si souvent,
Dessous lui regarde les nues,
Porté sur les ailes du vent ?
Qui aura l'haleine assez forte,
Et l'estomac, pour entonner
Jusqu'au bout la buccine torte
Que le Mantouan fit sonner ?
Mais, où est celui qui se vante
De ce Calabrais approcher
Duquel jadis la main savante
Sut la lyre tant bien toucher ?
Princesse, je ne veux point suivre
D'une telle mer les dangers,
Aimant mieux entre les miens vivre
Que mourir chez les étrangers.
Mieux vaut que les siens on précède,
Le nom d'Achille poursuivant,
Que d'être ailleurs un Diomède
Voire un Thersite bien souvent.
Quel siècle éteindra ta mémoire,
Ô Boccace? Et quels durs hivers
Pourront jamais sécher la gloire,
Pétrarque, de tes lauriers verts ?
Qui verra la vôtre muette,
Dante, et Bembe à l'esprit hautain ?
Qui fera taire la musette
Du pasteur Néapolitain ?
Le Lot, le Loir, Touvre et Garonne,
A vos bords vous direz le nom
De ceux que la docte couronne
Éternise d'un haut renom.
Et moi, si la douce folie
Ne me déçoit, je te promets,
Loire, que ta lyre, abolie,
Si je vis, ne sera jamais.
Marguerite peut donner celle
Qui rendait les enfers contents,
Et qui bien souvent après elle
Tirait les chênes écoutants.