Le soir tombe, la lune est d'or (Emile Verhaeren)
"Toi, la plus douloureuse, et non la moins aimée"...
La carte du comptoir pousuit dans le poème de rentrée avec cette oeuvre primesautière de Mimile Verhaeren à la gaité communicative.
La carte du comptoir des poésies, sans autre analyse, commentaire ou explication de texte, suggère sous cet indépassable opus ses nombreux "classiques".
Le soir tombe, la lune est d'or.
Avant la fin de la journée
Va-t'en gaîment jusqu'au jardin
Cueillir avec tes douces mains
Les quelques fleurs qui n'y sont point encor
Tristement, vers la terre, inclinées.
Que le feuillage soit déjà blême, qu'importe
Je les admire et tu les aimes,
Et leurs corolles sont quand même
Belles, sur les tiges qui les portent.
Et tu t'en es allée au loin parmi les buis
Au long d'un chemin monotone
Et le bouquet que tu cueillis,
Tremble en ta main et tout à coup frissonne ;
Et voici que tes doigts songeurs,
Pieusement, rassemblent les lueurs
De ces roses d'automne
Et les tressent avec des pleurs
En une pâle et claire et flexible couronne.
La dernière lumière a éclairé tes yeux
Et ton long pas s'est fait triste et silencieux.
Et lentement, à la vesprée,
Les mains vides, tu es rentrée,
Abandonnant non loin de notre porte
Dans un tertre humide et bas
Le cercle blanc qu'avaient formé tes doigts.
Et j'ai compris alors que dans le jardin las
Où vont passer les vents ainsi que des cohortes
Tu as voulu fleurir une dernière fois
Notre jeunesse qui repose là,
Morte.
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Les "classiques" de la carte du comptoir des vers :
- Jean de la Fontaine : le savetier et le financier, le loup et l'agneau, le cheval s'étant voulu venger du cerf
- Victor Hugo : les Djinns, ce siècle avait deux ans, l'an neuf de l'Hegire, demain dès l'aube, à une jeune fille, mes poèmes, Hermina, mon bras pressait ta taille frêle
- Charles Baudelaire : l'albatros, les bijoux, "j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans", toute entière, le soleil, à une dame créole, confession, quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle, je n'ai pas pour maîtresse une lionne illustre (prélude à Sarah), les ténèbres, j'aime le souvenir de ces époques nues, une martyre, une mendiante rousse, à celle qui est trop gaie, correspondances, le chat
- Arthur Rimbaud : le bateau ivre, le dormeur du val, voyelles, sensations, chanson de la plus haute tour, Vénus Anadyomène, Marine, Michel et Christine, petites amoureuses, à la musique, ma Bohème, aube, soleil et chair, mouvement, chant de guerre parisien, les assis, les douaniers,l'homme juste, les mains de Jeanne-Marie, les étrennes des orphelins, première soirée, au cabaret vert (cinq heures du soir), jeune ménage,tête de faune, age d'or, ô saisons ô chateaux, Bruxelles, l'orgie parisienne, les pauvres à l'église
- Guillaume Apollinaire : le Pont Mirabeau, l'adieu, nuit rhénane, ô naturel désir, chant de l'horizon en Champagne, la Victoire, acousmate, dans l'abri-caverne, Annie, Marizibill, à l'Italie, le vigneron champenois, l'émigrant de Landor Road, le chef de section, nocturne, à la Santé
- Louis Aragon : l'étrangère, que serais-je sans toi ?, est-ce ainsi que les hommes vivent ?, j'arrive où je suis étranger, Elsa, Elsa au miroir, Santa Espina, un jour un jour, nous dormirons ensemble, l'affiche rouge, la belle italienne, Charlot mystique, les mains d'Elsa, chambre garnie, chambres d'un moment, la rose et le réséda, les yeux d'Elsa
- Edmond Rostand : tirade des nez de Cyrano de Bergerac, sept moyens de monter dans la Lune (Cyrano de Bergerac), petit chat, l'hymne au soleil, rois mages, nénuphars
- Sabine Sicaud : douleur je vous déteste, jour de fièvre, chemins de l'ouest, la solitude, vous parler ?, premières feuilles, la vieille femme de la Lune, la grotte des lépreux, la paix
- José Maria de Heredia : les conquérants ("comme un vol de gerfauts hors du charnier natal"), le voeu, l'esclave, le tepidarium, la belle viole, le vitrail, soir de bataille, fleurs de feu, Tranquillus, le bain
- Joachim du Bellay : heureux qui comme Ulysse, cent fois plus qu'à louer on se plaît à médire, au fleuve de Loire, à Madame Marguerite d'écrire en sa langue
- Et, aussi, l'inénarrable poème acadien de H.W. Longfellow Evangéline