dimanche 8 mars 2009

Vous parler ? (Sabine Sicaud)

La carte du comptoir des vers persiste dans la publication des poèmes sur la maladie de Sabine Sicaud, poétesse précoce et méconnue, terrassée à l'age de 15 ans en 1928.
Pour en savoir plus sur Sabine Sicaud, rendez vous sur le site qui lui est consacré.

La carte du comptoir des poésies, sans autre commentaire, suggère aussi ses "classiques" proposés en bas de ce poème.


Vous parler ? Non. Je ne peux pas.

Je préfère souffrir comme une plante,

Comme l'oiseau qui ne dit rien sur le tilleul.

Ils attendent. C'est bien. Puisqu'ils ne sont pas las

D'attendre, j'attendrai, de cette même attente.

Ils souffrent seuls. On doit apprendre à souffrir seul.

Je ne veux pas d'indifférents prêts à sourire

Ni d'amis gémissants. Que nul ne vienne.

La plante ne dit rien. L'oiseau se tait. Que dire ?

Cette douleur est seule au monde, quoi qu'on veuille.

Elle n'est pas celle des autres, c'est la mienne.

Une feuille a son mal qu'ignore l'autre feuille.

Et le mal de l'oiseau, l'autre oiseau n'en sait rien.

On ne sait pas. On ne sait pas. Qui se ressemble ?

Et se ressemblât-on, qu'importe. Il me convient

De n'entendre ce soir nulle parole vaine.

J'attends - comme le font derrière la fenêtre

Le vieil arbre sans geste et le pinson muet ...

Une goutte d'eau pure, un peu de vent, qui sait ?

Qu'attendent-ils ? Nous l'attendrons ensemble.

Le soleil leur a dit qu'il reviendrait, peut-être ...


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Les "classiques" de la
carte du comptoir des vers :


- Arthur Rimbaud : le bateau ivre, le dormeur du val, voyelles, sensations, Vénus Anadyomène, chant de guerre parisien, première soirée, aube, soleil et chair, chanson de la plus haute tour, les étrennes des orphelins, l'homme juste, petites amoureuses, au cabaret vert (cinq heures du soir), ma Bohème, les douaniers, Michel et Christine, Marine, les mains de Jeanne-Marie, les assis, tête de faune, à la musique, mouvement, age d'or, ô saisons ô chateaux, Bruxelles, l'orgie parisienne, jeune ménage, les pauvres à l'église

- José Maria de Heredia : les conquérants ("comme un vol de gerfauts hors du charnier natal"), le tepidarium, l'esclave, le vitrail, soir de bataille, le voeu, la belle viole, fleurs de feu, Tranquillus, le bain

- Charles Baudelaire : l'albatros, les bijoux, à une dame créole, j'aime le souvenir de ces époques nues, je n'ai pas pour maîtresse une lionne illustre (prélude à Sarah), "j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans", à celle qui est trop gaie, correspondances, le soleil, toute entière, une martyre, une mendiante rousse, confession, les ténèbres,
quand le ciel bas et lours pèse comme un couvercle, le chat

- Joachim du Bellay : heureux qui comme Ulysse, au fleuve de Loire, cent fois plus qu'à louer on se plaît à médire, à Madame Marguerite d'écrire en sa langue

- Edmond Rostand : tirade des nez de Cyrano de Bergerac, sept moyens de monter dans la Lune (Cyrano de Bergerac), petit chat, rois mages, l'hymne au soleil, nénuphars

- Louis Aragon : l'étrangère, que serais-je sans toi ?, est-ce ainsi que les hommes vivent ?, un jour un jour, l'affiche rouge, la belle italienne, la rose et le réséda, Santa Espina, chambre garnie, chambres d'un moment, nous dormirons ensemble, Charlot mystique, Elsa, Elsa au miroir, les mains d'Elsa, j'arrive où je suis étranger, les yeux d'Elsa

- Guillaume Apollinaire : le Pont Mirabeau, l'adieu, nuit rhénane, acousmate, la Victoire, nocturne, le vigneron champenois, le chef de section, chant de l'horizon en Champagne, ô naturel désir, à l'Italie, Annie, Marizibill, dans l'abri-caverne, l'émigrant de Landor Road, à la Santé

- Et, bien entendu, le kitschissime poème acadien de H.W. Longfellow Evangéline