jeudi 5 mars 2009

Le bain (José Maria de Heredia)

Après le vol de gerfauts hors du charnier natal, la carte du comptoir des vers suggère de se relaxer en prenant un bain, lui aussi fruit du cerveau bouillonnant de José Maria de Heredia.

La carte du comptoir des poésies, sans aucun autre commentaire, propose de surcroît de parcourir ses "classiques" proposés en bas de ce poème.


L'homme et la bête, tels que le beau monstre antique,

Sont entrés dans la mer, et nus, libres, sans frein,

Parmi la brume d'or de l'âcre pulvérin,

Sur le ciel embrasé font un groupe athlétique.

Et l'étalon sauvage et le dompteur rustique,

Humant à pleins poumons l'odeur du sel marin,

Se plaisent à laisser sur la chair et le crin

Frémir le flot glacé de la rude Atlantique.

La houle s'enfle, court, se dresse comme un mur

Et déferle. Lui crie. Il hennit, et sa queue

En jets éblouissants fait rejaillir l'eau bleue,

Et, les cheveux épars, s'effarant dans l'azur,

Ils opposent, cabrés, leur poitrail noir qui fume,

Au fouet échevelé de la fumante écume.


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Les "classiques" de la
carte du comptoir des vers :


- D'autres José Maria de Heredia : les conquérants ("comme un vol de gerfauts hors du charnier natal"), le tepidarium, l'esclave, le vitrail, soir de bataille, le voeu, la belle viole, fleurs de feu, Tranquillus

- Edmond Rostand : tirade des nez de Cyrano de Bergerac, sept moyens de monter dans la Lune (Cyrano de Bergerac), petit chat, l'hymne au soleil, rois mages, nénuphars

- Charles Baudelaire : l'albatros, les bijoux, "j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans", à celle qui est trop gaie, correspondances, je n'ai pas pour maîtresse une lionne illustre (prélude à Sarah), le soleil, toute entière, une martyre, à une dame créole, j'aime le souvenir de ces époques nues, une mendiante rousse, confession, les ténèbres,
quand le ciel bas et lours pèse comme un couvercle, le chat

- Arthur Rimbaud : le bateau ivre, le dormeur du val, voyelles, sensations, Vénus Anadyomène, chant de guerre parisien, soleil et chair, chanson de la plus haute tour, l'homme juste, petites amoureuses, première soirée, aube, au cabaret vert (cinq heures du soir), ma Bohème, les douaniers, Michel et Christine, Marine, les mains de Jeanne-Marie, les assis, tête de faune, à la musique, mouvement, jeune ménage, age d'or, ô saisons ô chateaux, les étrennes des orphelins, Bruxelles, l'orgie parisienne, les pauvres à l'église

- Joachim du Bellay : heureux qui comme Ulysse, au fleuve de Loire, cent fois plus qu'à louer on se plaît à médire, à Madame Marguerite d'écrire en sa langue

-
Louis Aragon : l'étrangère, que serais-je sans toi ?, est-ce ainsi que les hommes vivent ?, un jour un jour, l'affiche rouge, la belle italienne, Santa Espina, chambre garnie, chambres d'un moment, nous dormirons ensemble, la rose et le réséda, Charlot mystique, Elsa, Elsa au miroir, les mains d'Elsa, j'arrive où je suis étranger, les yeux d'Elsa

- Guillaume Apollinaire : le Pont Mirabeau, l'adieu, nuit rhénane, nocturne, le vigneron champenois, le chef de section, chant de l'horizon en Champagne, acousmate, la Victoire, ô naturel désir, à l'Italie, Annie, Marizibill, dans l'abri-caverne, l'émigrant de Landor Road, à la Santé

- Et bien entendu, le très long et très kitsch poème acadien de H.W. Longfellow Evangéline