vendredi 27 février 2009

Pourquoi triste, ô mon âme (Paul Verlaine)

La carte du comptoir des vers livre ce soir un petit Verlaine pour la route.

La carte du comptoir des poésies, sans commentaire, suggère aussi d'essayer ses autres classiques :

- Arthur Rimbaud : le bateau ivre, le dormeur du val, voyelles, sensations, Vénus Anadyomène, chanson de la plus haute tour, ma Bohème, l'homme juste, petites amoureuses, première soirée, aube, au cabaret vert (cinq heures du soir), Michel et Christine, les douaniers, Marine, les mains de Jeanne-Marie, les assis, soleil et chair, tête de faune, à la musique, chant de guerre parisien, mouvement, jeune ménage, age d'or, ô saisons ô chateaux, les étrennes des orphelins, Bruxelles, l'orgie parisienne, les pauvres à l'église

- Guillaume Apollinaire : le Pont Mirabeau, l'adieu, nuit rhénane, le vigneron champenois, le chef de section, nocturne, ô naturel désir, Marizibill, l'émigrant de Landor Road, chant de l'horizon en Champagne, acousmate, la Victoire, à l'Italie, Annie, dans l'abri-caverne, à la Santé

- Joachim du Bellay : heureux qui comme Ulysse, cent fois plus qu'à louer on se plaît à médire, au fleuve de Loire, à Madame Marguerite d'écrire en sa langue

- Edmond Rostand : tirade des nez de Cyrano de Bergerac, sept moyens de monter dans la Lune (Cyrano de Bergerac), petit chat, rois mages, l'hymne au soleil, nénuphars

- Charles Baudelaire : l'albatros, les bijoux, "j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans", toute entière, je n'ai pas pour maîtresse une lionne illustre (prélude à Sarah), une martyre, à une dame créole, j'aime le souvenir de ces époques nues, une mendiante rousse, confession, les ténèbres, quand le ciel bas et lours pèse comme un couvercle, le soleil, à celle qui est trop gaie, correspondances, le chat

- Louis Aragon : l'étrangère, que serais-je sans toi ?, est-ce ainsi que les hommes vivent ?, l'affiche rouge, Santa Espina, chambre garnie, chambres d'un moment, nous dormirons ensemble, la rose et le réséda, un jour un jour, Charlot mystique, Elsa, Elsa au miroir, les mains d'Elsa, la belle italienne, j'arrive où je suis étranger, les yeux d'Elsa

- José Maria de Heredia : les conquérants, le vitrail, l'esclave, soir de bataille, le voeu, le tepidarium, la belle viole, fleurs de feu, Tranquillus

- Et bien entendu, le très long et très kitsch poème acadien de H.W. Longfellow Evangéline


Pourquoi triste, ô mon âme

Triste jusqu'à la mort,

Quand l'effort te réclame,

Quand le suprême effort

Est là qui te réclame ?

Ah, tes mains que tu tords

Au lieu d'être à la tâche,

Tes lèvres que tu mords

Et leur silence lâche,

Et tes yeux qui sont morts !

N'as-tu pas l'espérance

De la fidélité,

Et, pour plus d'assurance

Dans la sécurité,

N'as-tu pas la souffrance ?

Mais chasse le sommeil

Et ce rêve qui pleure.

Grand jour et plein soleil !

Vois, il est plus que l'heure :

Le ciel bruit vermeil,

Et la lumière crue

Découpant d'un trait noir

Toute chose apparue

Te montre le devoir

Et sa forme bourrue.

Marche à lui vivement,

Tu verras disparaître

Tout aspect inclément

De sa manière d'être,

Avec l'éloignement.

C'est le dépositaire

Qui te garde un trésor

D'amour et de mystère,

Plus précieux que l'or,

Plus sûr que rien sur terre,

Les biens qu'on ne voit pas,

Toute joie inouïe,

Votre paix, saints combats,

L'extase épanouie

Et l'oubli d'ici-bas,

Et l'oubli d'ici-bas !