samedi 14 mars 2009

La grotte des lépreux (Sabine Sicaud)

La carte du comptoir des vers s'acharne dans la publication des poèmes de Sabine Sicaud, poétesse précoce et méconnue, foudroyée par la maladie à l'age de 15 ans en 1928.
Pour découvrir encore plus Sabine Sicaud, rendez vous sur le site qui lui est consacré.

La carte du comptoir des poésies, sans autre commentaire, propose aussi ses "classiques" en bas de ce poème.


Ne me parlez ni de la tour,

Ni des belles ruines rousses,

Ni de cette vivante housse

De feuillages en demi jour.

La gorge est trop fraîche et trop verte,

La rivière, comme un serpent,

S'y tord, à peine découverte

Sous trop d'herbe où reste en suspens

Le mystère des forêts vierges.

Ne me parlez ni de l'auberge,

Ni des écrevisses qu'on prend

Dans la mousse et les capillaires.

Je n'ai vu, de ce coin de terre,

Ni la paix du soir transparent,

Ni celle des crêtes désertes.

Mais, barrant le ciel, deux rochers

Tout à coup si nus, écorchés,

Avec plusieurs bouches ouvertes !

Vers ces bouches noires, clamant

On ne sait quelle horreur ancienne,

Savez-vous si, furtivement,

De pauvres âmes ne reviennent ?

Où sont-ils, où sont-ils, mon Dieu,

Ces parias vêtus de rouge

Qui, là-haut, guettaient les soirs bleus

Par les trous béants de ce bouge ?

Grotte des lépreux, seuil maudit

Au bord de la falaise ocreuse ...

Il faudrait qu'on ne m'eût pas dit

Quel frisson traversait jadis

Ce décor de feuilles heureuses ...


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Les "classiques" de la
carte du comptoir des vers :


- D'autres Sabine Sicaud : douleur je vous déteste, jour de fièvre, la vieille femme de la Lune, vous parler ?, premières feuilles, la solitude, chemins de l'ouest

-
José Maria de Heredia : les conquérants ("comme un vol de gerfauts hors du charnier natal"), le tepidarium, l'esclave, le vitrail, soir de bataille, le voeu, la belle viole, fleurs de feu, Tranquillus, le bain

- Joachim du Bellay : heureux qui comme Ulysse, au fleuve de Loire, cent fois plus qu'à louer on se plaît à médire, à Madame Marguerite d'écrire en sa langue

- Charles Baudelaire : l'albatros, les bijoux, à une dame créole, le soleil, toute entière, j'aime le souvenir de ces époques nues,les ténèbres, je n'ai pas pour maîtresse une lionne illustre (prélude à Sarah), à celle qui est trop gaie, correspondances, "j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans", une martyre, une mendiante rousse, confession, quand le ciel bas et lours pèse comme un couvercle, le chat

- Arthur Rimbaud : le bateau ivre, le dormeur du val, voyelles, sensations, Vénus Anadyomène, chant de guerre parisien, première soirée, les mains de Jeanne-Marie, les étrennes des orphelins, l'homme juste, Marine, petites amoureuses, aube, soleil et chair, chanson de la plus haute tour, au cabaret vert (cinq heures du soir), ma Bohème, les douaniers, Michel et Christine, les assis, tête de faune, à la musique, mouvement, age d'or, ô saisons ô chateaux, Bruxelles, l'orgie parisienne, jeune ménage, les pauvres à l'église
- Guillaume Apollinaire : le Pont Mirabeau, l'adieu, nuit rhénane, acousmate, chant de l'horizon en Champagne, Annie, le chef de section, dans l'abri-caverne, la Victoire, nocturne, le vigneron champenois, ô naturel désir, à l'Italie, Marizibill, l'émigrant de Landor Road, à la Santé

-
Edmond Rostand : tirade des nez de Cyrano de Bergerac, sept moyens de monter dans la Lune (Cyrano de Bergerac), petit chat, l'hymne au soleil, rois mages, nénuphars

-
Louis Aragon : l'étrangère, que serais-je sans toi ?, est-ce ainsi que les hommes vivent ?, la rose et le réséda, nous dormirons ensemble, un jour un jour, l'affiche rouge, la belle italienne, Charlot mystique, Santa Espina, chambre garnie, chambres d'un moment,
Elsa, Elsa au miroir, les mains d'Elsa, j'arrive où je suis étranger, les yeux d'Elsa

- Et, bien entendu, le kitschissime poème acadien de H.W. Longfellow Evangéline