mercredi 18 mars 2009

Âme ! Etre, c'est aimer ... (Victor Hugo)

La carte du comptoir livre ce soir un Victor Hugo mystique exceptionnellement court.

La carte du comptoir des poésies, sans commentaire ni explication, propose aussi ses "classiques" en bas de cet opus.


C'est l'être extrême.

Dieu, c'est le jour sans borne et sans fin qui dit : j'aime.

Lui, l'incommensurable, il n'a point de compas,

Il ne se venge pas, il ne pardonne pas ;

Son baiser éternel ignore la morsure,

Et quand on dit : justice, on suppose mesure.

Il n'est point juste, il est. Qui n'est que juste est peu.

La justice, c'est vous, humanité, mais Dieu

Est la bonté. Dieu, branche où tout oiseau se pose !

Dieu, c'est la flamme aimante au fond de toute chose.

Oh ! Tous sont appelés et tous seront élus.

Père, il songe au méchant pour l'aimer un peu plus.

Vivants, Dieu, pénétrant en vous, chasse le vice.

L'infini qui dans l'homme entre, devient justice,

La justice n'étant que le rapport secret

De ce que l'homme fait à ce que Dieu ferait.

Bonté, c'est la lueur qui dore tous les faîtes ;

Et, pour parler toujours, hommes, comme vous faites,

Vous qui ne pouvez voir que la forme et le lieu,

Justice est le profil de la face de Dieu.

Vous voyez un côté, vous ne voyez pas l'autre.

Le bon, c'est le martyr ; le juste n'est qu'apôtre,

Et votre infirmité, c'est que votre raison

De l'horizon humain conclut l'autre horizon.

Limités, vous prenez Dieu pour l'autre hémisphère.

Mais lui, l'être absolu, qu'est-ce qu'il pourrait faire

D'un rapport ? L'innombrable est-il fait pour chiffrer ?

Non, tout dans sa bonté calme vient s'engouffrer.

On ne sait où l'on vole, on ne sait où l'on tombe,

On nomme cela mort, néant, ténèbres, tombe,

Et, sage, fou, riant, pleurant, tremblant, moqueur,

On s'abîme éperdu dans cet immense coeur !

Dans cet azur sans fond la clémence étoilée

Elle-même s'efface, étant d'ombre mêlée !

L'être pardonné garde un souvenir secret,

Et n'ose aller trop haut, le pardon semblerait

Reproche à la prière, et Dieu veut qu'elle approche ;

N'étant jamais tristesse, il n'est jamais reproche,

Enfants. Et maintenant, croyez si vous voulez !

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Les "classiques" de la
carte du comptoir des vers :


- Sabine Sicaud : douleur je vous déteste, jour de fièvre, la solitude, chemins de l'ouest, la vieille femme de la Lune, vous parler ?, premières feuilles, la grotte des lépreux

-
Joachim du Bellay : heureux qui comme Ulysse, cent fois plus qu'à louer on se plaît à médire, au fleuve de Loire, à Madame Marguerite d'écrire en sa langue

- Charles Baudelaire : l'albatros, les bijoux, une martyre, correspondances, à une dame créole, le soleil, toute entière, j'aime le souvenir de ces époques nues,les ténèbres, à celle qui est trop gaie,quand le ciel bas et lours pèse comme un couvercle, je n'ai pas pour maîtresse une lionne illustre (prélude à Sarah), "j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans", une mendiante rousse, confession, le chat

-
José Maria de Heredia : les conquérants ("comme un vol de gerfauts hors du charnier natal"), l'esclave, la belle viole, le tepidarium, soir de bataille, le voeu, fleurs de feu, le vitrail, Tranquillus, le bain

- Guillaume Apollinaire : le Pont Mirabeau, l'adieu, nuit rhénane, Marizibill, le chef de section, acousmate, chant de l'horizon en Champagne, Annie, dans l'abri-caverne, la Victoire, nocturne, le vigneron champenois, ô naturel désir, à l'Italie, l'émigrant de Landor Road, à la Santé

- Edmond Rostand : tirade des nez de Cyrano de Bergerac, sept moyens de monter dans la Lune (Cyrano de Bergerac), petit chat, l'hymne au soleil, rois mages, nénuphars

- Louis Aragon : l'étrangère, que serais-je sans toi ?, est-ce ainsi que les hommes vivent ?, Santa Espina,la rose et le réséda, nous dormirons ensemble, un jour un jour, l'affiche rouge, la belle italienne, Charlot mystique, chambre garnie, chambres d'un moment,
Elsa, Elsa au miroir, les mains d'Elsa, j'arrive où je suis étranger, les yeux d'Elsa

- Arthur Rimbaud : le bateau ivre, le dormeur du val, voyelles, sensations, les assis, Vénus Anadyomène, chant de guerre parisien, première soirée, les mains de Jeanne-Marie, les étrennes des orphelins, chanson de la plus haute tour, l'homme juste, Marine, les douaniers, petites amoureuses, aube, soleil et chair, au cabaret vert (cinq heures du soir), ma Bohème, Michel et Christine, jeune ménage,tête de faune, à la musique, mouvement, age d'or, ô saisons ô chateaux, Bruxelles, l'orgie parisienne, les pauvres à l'église

- Et, bien entendu, le kitschissime poème acadien de H.W. Longfellow Evangéline