lundi 16 mars 2009

Ballade de la convenance de se déshabiller au printemps (Catulle Mendès)

La carte du comptoir des vers profite de la météo enfin printanière pour proposer un poème primesautier de Catulle Mendès qui fait l'éloge du striptease et laisse entrevoir un sympathique mois d'avril.

La carte du comptoir des poésies, sans commentaire ni explication, suggère aussi ses "classiques" en bas de cet opus.


La Seine, clair ciel à l'envers,

S'ensoleille comme le Tage !

Laisse éclore des menus vairs

Tes bras, ta gorge et davantage.

Au diable l'imbécile adage :

"Avril. Ne quitte pas un fil"

Il ne sied qu'aux personnes d'âge.

Quitte tout, ma mie, en avril !

Quand Zéphyr dévêt des hivers

La colline après un long stage,

Pourquoi resteraient-ils couverts

Les seins de lys qu'un val partage ?

Vent ! Déchire en ton brigandage

Ces brumes : batiste et coutil !

Je me charge du ravaudage.

Quitte tout, ma mie, en avril !

C'est le temps où par l'univers

Le franc amour flambe et s'étage ;

Le faune halète aux bois verts

Et l'ermite en son ermitage.

Aimons ! Plus de baguenaudage !

Les pudeurs, le refus subtil

Des flirts et du marivaudage,

Quitte tout, ma mie, en avril !

Ange ! Si ton démaillotage

Veut un poêle, mon coeur viril

Le remplace avec avantage !

Quitte tout, ma mie, en avril.


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Les "classiques" de la
carte du comptoir des vers :


- Joachim du Bellay : heureux qui comme Ulysse, au fleuve de Loire, cent fois plus qu'à louer on se plaît à médire, à Madame Marguerite d'écrire en sa langue

- Sabine Sicaud : douleur je vous déteste, jour de fièvre, chemins de l'ouest, la vieille femme de la Lune, vous parler ?, premières feuilles, la solitude, la grotte des lépreux

- José Maria de Heredia : les conquérants ("comme un vol de gerfauts hors du charnier natal"), l'esclave, le tepidarium, soir de bataille, le voeu, la belle viole, fleurs de feu, le vitrail, Tranquillus, le bain

- Charles Baudelaire : l'albatros, les bijoux, correspondances, à une dame créole, le soleil, toute entière, j'aime le souvenir de ces époques nues,les ténèbres, à celle qui est trop gaie,quand le ciel bas et lours pèse comme un couvercle, je n'ai pas pour maîtresse une lionne illustre (prélude à Sarah), "j'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans", une martyre, une mendiante rousse, confession, le chat

-
Guillaume Apollinaire : le Pont Mirabeau, l'adieu, nuit rhénane, Marizibill, le chef de section, acousmate, chant de l'horizon en Champagne, Annie, dans l'abri-caverne, la Victoire, nocturne, le vigneron champenois, ô naturel désir, à l'Italie, l'émigrant de Landor Road, à la Santé

- Edmond Rostand : tirade des nez de Cyrano de Bergerac, sept moyens de monter dans la Lune (Cyrano de Bergerac), petit chat, l'hymne au soleil, rois mages, nénuphars

- Louis Aragon : l'étrangère, que serais-je sans toi ?, est-ce ainsi que les hommes vivent ?, Santa Espina,la rose et le réséda, nous dormirons ensemble, un jour un jour, l'affiche rouge, la belle italienne, Charlot mystique, chambre garnie, chambres d'un moment,
Elsa, Elsa au miroir, les mains d'Elsa, j'arrive où je suis étranger, les yeux d'Elsa

- Arthur Rimbaud : le bateau ivre, le dormeur du val, voyelles, sensations, les assis, Vénus Anadyomène, chant de guerre parisien, première soirée, les mains de Jeanne-Marie, les étrennes des orphelins, chanson de la plus haute tour, l'homme juste, Marine, les douaniers, petites amoureuses, aube, soleil et chair, au cabaret vert (cinq heures du soir), ma Bohème, Michel et Christine, jeune ménage,tête de faune, à la musique, mouvement, age d'or, ô saisons ô chateaux, Bruxelles, l'orgie parisienne, les pauvres à l'église

- Et, bien entendu, le kitschissime poème acadien de H.W. Longfellow Evangéline